SEAYARD est un acteur majeur de la manutention sur le Grand Port Maritime de Marseille. Yann Tessier, son directeur technique, a bien voulu répondre à nos questions.

Votre activité, en deux mots et quelques chiffres ?

Notre métier, c’est la manutention portuaire : nous sommes des spécialistes du chargement et du déchargement des navires porte-conteneurs. Des chiffres ? Notre nouveau terminal fosséen, FOS2XL, porte bien son nom : il couvre 52 hectares, dispose de 860 mètres de quais et de 5 portiques. En 2013, nous avons traité environ 250 000 conteneurs.

Le trafic conteneurs de Fos avait crû de 16% en 2012. La hausse se poursuit-elle ?

Nous monterons en puissance pour arriver à terme à 600 000 conteneurs par an.

Quelle est votre politique de prévention des risques professionnels ?

C’est une démarche de progrès continu. Notre nouvelle Direction et nos actionnaires possèdent une forte culture de la sécurité et encouragent les actions de prévention. Cela va de la formation des dockers, via l’IFMMP, un organisme de formation paritaire qui fonctionne bien, jusqu’à une volonté de réduction systématique des risques identifiés. La Direction avec le CHSCT, le syndicat des dockers et la CARSAT sont les principaux acteurs de ce processus.

Vous avez récemment investi dans une nouvelle nacelle pour la manutention des conteneurs. Pourquoi et comment ?

Cet équipement est en effet représentatif de notre mode d’action ; le risque du travail en hauteur est connu depuis longtemps, et dans tous les ports du monde. Par le passé, les dockers devaient escalader les conteneurs, parfois placés à quinze mètres de haut, en s’agrippant à leurs barres de renfort.

Puis sont arrivées des nacelles élévatrices permettant aux dockers d’accéder à chaque conteneur en toute sécurité. Mais ces matériels ne convenaient pas bien à notre hauteur de portique, et leur utilisation générait d’autres risques.

En 2011, nous avons donc engagé une réflexion de fond ; nous avons élaboré, en coopération avec les représentants des dockers et avec la CARSAT, les plans d’une nacelle à nos mesures. Un an plus tard, nous avons mis au point un prototype, qui a été perfectionné pour parvenir, en 2013, à une nacelle opérationnelle et idéalement adaptée à nos besoins.

Quel a été l’élément déclencheur de cette réalisation ?

Nous avions déjà bien progressé sur la réduction des risques de circulation, grâce à la séparation et à la sécurisation des flux sur le terminal. En revanche, le risque représenté par les travaux en hauteur n’était pas acceptable : nous devions donc sécuriser les opérateurs et disposer d’une solution adaptée à notre terminal. Les dockers travaillent désormais à bonne hauteur de chaque conteneur, derrière un garde-corps et avec un harnais.

Le risque est-il entièrement maîtrisé ?

En majeure partie. Il subsiste cependant un obstacle : le temps nécessaire pour acheminer la nacelle, selon l’emplacement du navire à charger ou à décharger. Nous recevrons bientôt une deuxième nacelle et à terme, nous en aurons une par portique. Notre modèle de nacelle a également été retenu par Eurofos, autre opérateur du port de Fos.

Il restera encore à systématiser l’utilisation de ces pratiques pour chaque opération de manutention, et à renforcer la formation des cinq cents dockers. Les modules de formation dédiés à la nacelle sont déjà intégrés aux cursus de formation continue depuis 2013, après ceux de la formation initiale.

Avez-vous d’autres projets de prévention ?

Nous souhaitons régler les quelques cas où nous ne pouvons pas utiliser la nacelle, notamment pour les conteneurs flats avec des colis de grande dimensions. Nous cherchons actuellement une solution de substitution. Nous développons aussi un projet pour l’évacuation des conducteurs d’engin en cas d’urgence.

La prévention des risques professionnels est une préoccupation permanente. Nous avons donc recruté l’an dernier une responsable QSHE à temps plein. Nous sommes également en relation avec un conseiller technique chez chacun de nos deux principaux actionnaires : nous pouvons ainsi généraliser les bonnes pratiques existantes.

Dans le même esprit, soulignons l’existence d’un groupe de réflexion dédié à ces questions, au sein duquel nous travaillons avec nos confrères d’Eurofos et le syndicat des dockers. Nous avançons tous ainsi dans la même direction.

Pour en savoir plus : www.chutesdehauteur.com