D’impressionnantes poutrelles d’acier de 25 mètres de long, sagement disposées et prêtes pour la peinture, les éclairs bleus de la soudure à l’arc et le crépitement du métal en fusion. Vous êtes chez SALSE, constructeur de charpentes métalliques à La Farlède. Solvants de peinture, fumées de soudage... Risques professionnels inévitables pour les salariés de l’entreprise ? Pour limiter l’exposition de ses opérateurs, l’entreprise a fait preuve d’initiative et de créativité. Visite guidée avec Marc Perret, Directeur Administratif et Financier (DAF) et Référent sécurité.

Plus qu’une cabine de peinture, c’est bien d’un gigantesque hall qu’il s’agit. Pourtant, disposer de grands volumes d’air ne suffit pas, encore faut-il que cet air soit en mouvement, et qu’il circule de façon appropriée.

«  Nous avions fait installer par un spécialiste un système de ventilation, explique Marc Perret. Mais le flux d’air ne balayait pas vraiment la zone où les émissions de solvant sont les plus fortes, c’est-à-dire là où l’opérateur peint, entre 80 cm et 140 cm de haut. En sortie de prise d’air, le flux tombait au sol. Le laboratoire interrégional de chimie de la Carsat Sud-Est nous a permis de comprendre les causes du problème et d’y apporter une réponse. Son diagnostic : notre air ne circulait pas assez vite, et était mal dirigé. La solution : d’abord, étanchéifier tout le bâtiment, pour contrôler les entrées d’air. Puis, accélérer le flux entrant dans le hall de peinture. Et ensuite, le canaliser pour qu’il circule à bonne hauteur. »

Oui, mais... SALSE avait déjà investi dans un système coûteux, et ses marges de manœuvre étaient limitées. Il fallait donc faire mieux avec l’existant, et sans surcoût.

« Nous avons cogité, fait des plans, puis, réalisé nous-mêmes les travaux lors de périodes creuses. Nous avons ainsi fabriqué une grande porte coulissante qui ferme le bâtiment. Nous avons aussi traqué et colmaté toutes les entrées d’air clandestines. Et une fois le débit augmenté, nous avons réalisé des déflecteurs, qui dirigent l’air au bon endroit. Ce sont de simples panneaux métalliques, mais ils ont le bon angle. » Et ça marche. Isabelle Compiègne, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est, le confirme : « Nous avons refait des mesures, et c’est vraiment mieux ! Les peintres sont nettement moins exposées ».

Comment éviter de respirer les fumées quand on soude tout au long de poutres de dix ou vingt mètres linéaires ? Les bras aspirants, achetés quelques années auparavant, obligeaient les soudeurs à les déplacer constamment avec eux. Guère pratique... « Nous avions aussi essayé des torches aspirantes, en vain : trop lourdes et peu maniables. Jusqu’à la découverte d’un modèle ultra-léger, aussitôt adopté par nos soudeurs. Toutefois, nous avons décidé d’aller plus loin et de doter nos opérateurs de cagoules ventilées. En effet, les torches ne peuvent tout aspirer ; sous certains angles, les fumées s’échappent. Avec la cagoule ventilée, l’opérateur est mieux protégé. En plus, il reçoit un air frais, très apprécié, surtout l’été ».

Des efforts et des résultats concrets

Pour Isabelle Compiègne, SALSE a véritablement réduit les risques d’exposition aux polluants cancérogènes. « L’entreprise a, de manière volontariste et créative, fait avancer, par des moyens simples, la prévention des maladies professionnelles ».

Priorité aux protections collectives

Elle rappelle cependant que seul le rejet extérieur garantit un air parfaitement sain pour l’ensemble du personnel. Car si les particules sont bien filtrées, les gaz, eux, ne le sont pas. D’où l’importance d’une bonne conception initiale des infrastructures. « La Carsat Sud-Est dispose de spécialistes de la conception et de l’aménagement des lieux de travail. Il ne faut pas hésiter à les solliciter. Et lorsqu’une entreprise fait appel à un professionnel de la ventilation, il faut qu’elle sache, qu’il lui doit, en termes de débit et de vitesse d’air, non seulement des moyens, mais des garanties de résultat ».

La solution doit s’adapter à chaque activité

Dans le cas de SALSE, les opérateurs se déplacent sans cesse pour la réalisation de pièces mesurant parfois plus de 20 mètres ; un système centralisé d’aspiration rendrait alors les opérations de soudure très complexes.

Le soudage génère des fumées chargées de particules de métaux lourds, et s’accompagne d’un dégagement de gaz carbonique et de monoxyde de carbone. Trois bonnes raisons de capter les émissions à la source.

  • La torche aspirante récupère une grande partie des fumées.
  • La cagoule ventilée protège le soudeur des particules qui échappent à l’aspiration.
  • Un dispositif y diffuse un air filtré, exempt de poussières de métaux, et frais. Le filtre se décolmate aisément, d’une simple pression de doigt. Une opération à effectuer, toutes les 90 minutes en moyenne, selon l’intensité du soudage.

Fumées de soudage : quel est le problème ?

Les fumées sont des aérosols de solides de très faible diamètre, voire de nanoparticules. Leurs composants : cadmium, béryllium, oxyde de chrome VI ou de nickel, trioxyde de diarsenic, et parfois même, thorium. Plus des hydrocarbures aromatiques polycycliques. Émis par l’acier ou par l’enrobage de l’électrode, elles sont fortement soupçonnées d’être cancérogènes. Pour rappel : un air contenant des cancérogènes avérés ou soupçonnés ne doit pas être recyclé, mais évacué.

Ce que dit la loi : les soudeurs font l’objet d’une surveillance médicale renforcée, avec tests respiratoires annuels et radiographie pulmonaire régulière. L’exposition des salariés aux produits chimiques dangereux doit aussi être tracée dans la fiche de prévention. Enfin, une formation aux risques spécifiques au poste de travail doit être réalisée.