L’association Aix Multi Services (AMS) gère des chantiers d’insertion depuis 1994 pour les personnes éloignées de l’emploi. Elle a intégré le programme national de prévention TMSPros en 2021. Interview des différents acteurs participant à la prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) et visite du chantier de maraichage bio Seconde Pousse, inauguré en juin 2022 à la Roque D’Anthéron.

3min mai ams photo 1Pourquoi avoir travaillé sur le risque TMS/lombalgie ?

Dominique LE BRAS, personne ressource* TMSPros en interne : Depuis 11 ans que je suis ici, le souci des TMS a toujours été présent. Beaucoup d’entreprises ont pris le programme TMSPros comme une punition. Nous l’avons pris comme une aide pour améliorer la préparation de nos salariés à l’activité professionnelle et trouver des solutions pour limiter les risques. On a aussi perçu l’intérêt en posant les chiffres sur la table : plus de 300 jours d’absence dans l’année étaient liés à des TMS ! Il devenait urgent de réduire le risque, à la fois pour limiter le nombre de journées perdues, augmenter le taux de présence et pour améliorer le bien-être des salariés, ce qui constitue notre priorité.

*personne désignée au sein de l’entreprise pour élaborer et animer la démarche de prévention des TMS.

Frédéric TENENHAUS, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est : Les TMS sont au 1er rang des maladies professionnelles en France en matière de fréquence. L’association avait commencé à travailler sur le sujet avant TMSPros au travers de réunions régulières de l’ISCT (Instance Santé et Conditions de Travail). Sa collaboration avec la Carsat Sud-Est, débutée en 2010, lui a permis de bénéficier de conseil et d’aides financières pour du matériel intégrant la notion de TMS. Le programme TMSPros lui a ensuite apporté davantage de structuration sur le sujet.

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Comment avez-vous travaillé sur le risque TMS/lombalgie ?

DLB : On a suivi la trame méthodologique donnée lors de la formation (« Devenir personne ressource TMS »), sans la diffuser. La première étape consistait à organiser une journée de réunion avec les permanents tous les deux mois. Avant chaque rencontre, un responsable est chargé d’enquêter auprès de son équipe afin de remonter les problématiques. L’intérêt est donc aussi pédagogique : avec des salariés intégrés à la démarche, chacun devient acteur de sa propre sécurité ! Notre formatrice SST en interne a de plus obtenu le certificat pour dispenser à nos encadrants la formation « acteurs PRAP » (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique). En parallèle, le comité ISCT a pris en compte la démarche et les obligations légales. L’étude des postes de travail a ensuite commencé : visite des chantiers, observation en situation de travail, rencontre avec les encadrants, les salariés, enquêtes sur leur ressenti… Grâce aux formations et à l’outil d’analyse, on a trouvé des solutions à des endroits où on ne les attendait pas, sur de l’organisationnel. Aujourd'hui, on pose un regard plus pertinent en situation de travail, avec une meilleure perception et anticipation des risques. Cela a par exemple permis de mieux s’adapter aux contraintes de nos salariés RQTH.

Joël SENNAVOINE, Directeur AMS : On peut agir sur les TMS parce que chacun est concerné dans la structure. D’un côté, le Conseil d’administration a validé des moyens spécifiques pour cette action avec 1/3 de temps dédié. D’un autre, sur Seconde Pousse, chacun a passé le certificat SST (sauveteur secouriste du travail). La formation Acteur PRAP pour les encadrants a aussi beaucoup sensibilisé l’équipe AMS à l’organisation, aux risques liés aux gestes, postures et au port de charge.

FT : La réduction des TMS liées au port de charge découle d’ailleurs plus aujourd'hui de la recherche de solutions dans l’organisation du travail que dans les gestes et postures : pourquoi porter la caisse, est-ce que je peux faire autrement, réduire son poids… ?

Pour en savoir plus sur la démarche rdv, sur Ameli.fr/rubrique entreprises/TMSPros.

Les encadrants Seconde Pousse présentent à M. TENENHAUS du matériel acquis pour réduire les TMS

Dans les faits, quelles transformations des situations de travail cette démarche a-t-elle générées ? Pour quels impacts sur les conditions de travail, la santé et la sécurité des salariés ?

Xavier MOUCHENIK, encadrant Seconde Pousse : Dans le cadre des récoltes, certains présentaient des difficultés pour rester à genoux puis se relever. Ils ont cherché une solution et décidé de récupérer auprès d’une entreprise des pots de peinture pour les utiliser comme assise, première étape avant la mise en place de dispositifs pérennes. Ce qui a donné des résultats. On a aussi mis en place des rotations pour éviter les TMS provenant de tâches répétitives, (désherbage). On cherche tout le temps des solutions pour essayer de préserver l’équipe : un échauffement a été mis en place le matin, des gants anti-coupures ont été achetés, des protège-vannettes ont été construits pour éviter le risque de chutes… On leur fait fabriquer un maximum de choses en leur laissant l’initiative. Ils procèdent ensuite à des améliorations si la solution n’est pas assez efficace à l’usage. Cela fait partie de l’apprentissage.

Charlie KRIEGER, encadrante Seconde Pousse : L’acquisition de bonnes pratiques est un travail quotidien de répétition sur le terrain. Pour qu’ils prennent des habitudes petit à petit, les salariés sont en binôme une fois par semaine sur de l’intendance (vider les toilettes sèches, ranger le cabanon, etc.).

FT : Ce qu’il faut retenir ici, c’est que l’étude des postes de travail liée à la démarche TMSPros a également permis d’élargir la prévention des risques à d’autres champs et de la structurer.

DLB : Les chiffres montrent que cette démarche a très bien marché, avec des accidents du travail en baisse. On espère que ça va continuer !

Quelques améliorations réalisées par l’équipe Seconde Pousse

Comment rendre durable la démarche TMSPros ?

DLB : Dans notre secteur, la limitation des risques doit se faire dans le temps et sans trop d’ambition, au vu d’autres problématiques que peuvent avoir les salariés. Tout ce qu’on peut inculquer avant qu’ils nous quittent, c’est gagné !

JS : Côté structure, l’implication de chacun me semble la clé pour rendre cette démarche durable. Du côté des salariés polyvalents, qui restent un ou deux ans chez nous, on estime qu’en leur apprenant à porter un regard sur leurs conditions de travail et les bonnes pratiques, cela durera demain ailleurs. Ce roulement du personnel nous permet de toucher de nombreuses personnes sur le risque TMS.

FT : C’est l’un des avantages d’AMS, avec en plus une solidarité et un collectif qui sont le fer de lance de l’association.

En savoir plus :

Documentation Carsat Sud-Est

Brochures - guides

Une offre de formation pour vous accompagner dans votre démarche de prévention des Troubles MusculoSquelettiques (TMS)

Guide Troubles Musculo-Squelettiques

L’aide TMS Pros diagnostic

L’aide TMS Professionnels Action

Réseau TMS Paca

Documentation de l’INRS

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Dossiers

Reconnaissance de la maladie professionnelle : les principes clés

Les troubles musculosquelettiques

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