La SMN (Société de manutentions navales) vient d’investir dans de nouveaux équipements pour sécuriser l’accès et le travail en hauteur. Un exemple à suivre.
Au cœur de la cité lacustre de Port Grimaud, la SMN propose depuis 1965 une offre de service complète dédiée à la petite et moyenne plaisance du Golfe de Saint-Tropez : carénage, peinture, polyester, menuiserie, mécanique, électricité, etc. L’entreprise, qui compte 30 permanents, est également présente à Cogolin depuis 2006. Surface totale : 10 000 m2, capacités d’accueil : 40 à 45 bateaux, jusqu'à 20 mètres.
Des planches de bois aux échafaudages en acier galvanisé
En 2016, SMN a signé un contrat de prévention avec la Carsat Sud-Est. Il porte sur 3 types de protection collective contre les chutes de hauteur :
- 9 passerelles d’accès,
- 4 échafaudages,
- 3 nacelles élévatrices.
Les équipements ont été livrés en juin 2017.
« Cette aide financière vise à sécuriser l’accès et le travail en hauteur, un risque majeur dans la profession, et améliorer l’organisation de la prévention, à travers la formalisation des procédures et la formation des salariés. » David Bottreau, contrôleur de sécurité, Carsat Sud-Est
PAROLE DU PROFESSIONNEL : « Cet équipement a été fabriqué sur mesure par un fournisseur d’après notre cahier des charges. Plus stable, plus facile d’accès, son usage est polyvalent. » Patrick Chevalier, directeur technique, SMN
Passerelles d’accès sécurisées
Sur la photo, une passerelle de 3 mètres nouvellement acquise. M. Chevalier se tient au niveau intermédiaire, pour accéder à un bateau de taille moyenne.
Matériau : acier galvanisé.
Stabilisation : roulettes à frein, 4 stabilisateurs.
Conçu en 3 tailles : 2,3 mètres, 3 m. et 4 m. (les deux derniers ayant un accès intermédiaire).
« La structure en acier galvanisé rend cet équipement lourd et stable, notamment en cas de coup de vent. Les stabilisateurs à manivelle assurent la stabilité au sol. Il faut deux personnes pour la déplacer. »
Au premier plan, une passerelle bleue acquise en 2008. « Plus légers, très inclinés et moins stables, ces escaliers n’avaient pas de niveau intermédiaire. »
Échafaudages roulants
Matériau : acier galvanisé.
Stabilisation : roulettes à frein, 4 stabilisateurs.
Garde-corps rétractable.
Conçu en 2 modèles :
- échafaudage fixe (photos centrale et ci-contre)
- échafaudage ajustable à la plage arrière du bateau : réglable en hauteur (30 cm) à l’aide d’une pompe hydraulique (voir diaporama ci-dessous).
Nacelles ciseaux électriques
Très maniable, grâce à son joystick et sa direction à 90°, cette nacelle élévatrice permet de travailler à toutes les hauteurs, jusqu’à 6,5 mètres (hauteur repliée 2 m). « Idéale pour le polish de coque ! »
La plate-forme, protégée par des garde-corps rabattables manuellement, s’élève en quelques secondes et dispose d’une rallonge (1 m).
La traction électrique ne fait pas de bruit. « C’est une contrainte forte imposée par les riverains. »
Portée max. 230 kg : 2 salariés + charge de 70 kg.
Vitesse 4 km/h.
Exige le permis Nacelle CACES® R386 3A.
L’APAVE vérifie ce matériel tous les 6 mois.
Investissements SMN (83310)
Réparation et maintenance navale, 30 salariés, 4 500 m2 (Port Grimaud) 5 000 m2 (Cogolin)
9 passerelles sécurisées : 2 300 € HT l’unité
4 échafaudages roulants : 3 680 € HT l’unité
3 nacelles ciseaux : 12 000 € HT l’unité
Coût global : 72 000 € HT
Aide de la Carsat Sud-Est : de 30 à 40% des dépenses engagées.
L’organisation de la prévention
Patrick Chevalier a suivi 2 formations dispensées par la Carsat Sud-Est (liens en fin d’article) :
- Animateur Prévention (8 jours).
- Prévention des risques chimiques dans le nautisme (1 jour). « Les 3 stratifieurs devront également suivre cette formation, notamment pour se sensibiliser au tri des produits, au port des EPI et au traitement des déchets. Il faut toujours re-sensibiliser les salariés ! »
En tant que référent Prévention, M. Chevalier doit veiller aux habilitations des salariés : montage, démontage et utilisation des échafaudages, autorisation de conduite d’engins élévateurs (grues, nacelles) et chariots, habilitations électriques.
« Actuellement, plus de la moitié des salariés a reçu une formation SST (Sauveteur Secouriste du Travail). »
Zoom sur les procédures obligatoires
Les règles du chantier sont valables pour les salariés de SMN comme pour les particuliers qui interviennent en co-activité sur le chantier :
- L’anémomètre (en photo) mesure le vent. Au-dessus de 25 nœuds, interdiction de monter sur les bateaux.
- Usage de l’échelle interdit. « On demande aux particuliers d’investir dans un échafaudage conforme, ou de le louer à SMN. »
- Défense de fumer sur le chantier.
- Port du gilet jaune obligatoire : le grutier visualise immédiatement ses collègues au sol.
- Interdiction de se déplacer sur les bateaux calés à terre, seul l’accès aux cockpits est autorisé. Cette interdiction est formalisée par la pose systématique de rubalise rouge et blanche interdisant l’accès aux ponts.
Une progression au fil de l’eau
En 2008, l’entreprise avait signé un premier contrat de prévention avec la Carsat Sud-Est portant sur : l’acquisition d’échafaudages, 1 nacelle élévatrice, 1 compresseur air comprimé et l’aménagement d’un local de stockage de produits chimiques : rayonnages, bacs de rétention et ventilation mécanique contrôlée (VMC).
Parallèlement, des escaliers sécurisés sont mis en place, ainsi qu’un système centralisé d’aspiration des poussières de bois, une ventilation dans le magasin et un local bétonné en 2011 pour le tri des déchets (carburant, huile moteur, bombes aérosol, filtres gasoil et huile…).
« Depuis 2008, toutes nos ponceuses sont équipées d’un aspirateur, précise Patrick Chevalier. Le compresseur a été remplacé en 2014 : 30 chevaux, une grosse cuve, assécheur d’air, bloc de filtres… il alimente en air comprimé les 8 prises du chantier. »
Sur la photo, le salarié qui ponce la carène porte un casque à adduction d’air comprimé. « Son usage est systématique pour le stratifié. Et en plus, il apporte de l’air frais ! »
Pour les travaux devant être effectués en milieu confiné, 3 cocons ventilés sont installés en permanence : un cocon peinture, un cocon à mâts (vernis) et un cocon pour les petites pièces de bois. « Les bâches thermoplastiques, couplées à un échafaudage, sont remplacées chaque hiver. »
Enfin, le local de nettoyage haute pression des carènes date du milieu des années 1990. « Le travelift entre entièrement avec le bateau sanglé. L’eau usée s’écoule par des grilles vers deux grandes cuves de décantation lamellaire situées sous le sol. »
« Des progrès très significatifs dans la profession ! »
Julien Bonnans, ingénieur conseil à la Carsat Sud-Est, pilote le Plan d’action régional Nautisme 2014-2017. « La moitié des 350 entreprises du secteur Nautisme des régions PACA Corse ont été visitées par un préventeur. L’accidentologie, qui est proche de celle du BTP, est en légère baisse. Nous constatons des progrès très significatifs en termes d’équipement (contre les chutes de hauteur, aide à la manutention) et d’organisation : la quasi-totalité a un Document Unique et dans les 2/3 un plan d’action associé. Progrès marqués aussi sur la formation SST et la nomination d’un référent Prévention. »
En savoir plus :
Risques liés aux chutes de hauteur. Dossier INRS 2017.
Recommandation R 408 : Prévention des risques liés au montage, à l'utilisation et démontage des échafaudages de pied. CNAMTS 2005.
Echafaudages : formation au montage, démontage et utilisation - Droit en pratique. INRS 2007.
Polyester stratifiés : guide pratique de ventilation. ED 665. INRS 2014.
Guide des bonnes pratiques pour les entreprises de la Grande Plaisance : échafaudages, ateliers mobiles, cocons. Carsat Sud-Est/Riviera Yachting Network.
Formations :
Elaborer et suivre la démarche de prévention de son entreprise (4+4j).