Les menuiseries modernes conçoivent, fabriquent et posent des escaliers contemporains sur-mesure. Progressivement, l’entreprise a pris en compte tous les risques professionnels. Sa démarche de prévention est aussi innovante, adaptée et ingénieuse, que ses escaliers sont design et lumineux.

Alain Poupinet rachète une entreprise de menuiserie générale en 1976. « Nous étions 5 à 10 salariés à Marseille, notre gros client était le groupe Accor dans la région. » En 1988, il déménage ses ateliers dans le Pays d’Aubagne à Peypin. En 2009, il signe un partenariat avec Treppenmeister, l’inventeur de l’escalier suspendu dans les années 60, qui regroupe aujourd'hui 80 fabricants d’escaliers en Europe, dont la moitié en France. Aérien, design, ultra-contemporain, ce système ingénieux joue sur la combinaison des matériaux bois, verre et métal.

n28 reportage photo1 ok[Copyright de la photo : menuiseries modernes] Son fils Guillaume Poupinet perpétue le savoir-faire artisanal des Menuiseries modernes. « Aujourd'hui, nous ne fabriquons quasiment que des escaliers suspendus. L’entreprise a suivi l’évolution des outils et des méthodes de travail. C’est comme si nous étions passés de l’âge de pierre à l’ère du numérique ! »

En investissant dans du matériel innovant et des techniques de production adaptées, les gains en termes de  qualité et de productivité ont engendré des progrès très profonds sur la sécurité et la santé au travail.

LES RISQUES DANS L’ACTIVITE MENUISERIE : les machines peuvent provoquer des coupures, écrasements, sectionnements, projections. L’inhalation de poussières ou de vapeurs de peintures et vernis sont parmi les causes les plus importantes de cancers reconnus d’origine professionnelle. Les manutentions répétitives et le port de charges lourdes peuvent générer des troubles musculo-squelettiques. Enfin, le bruit est un facteur de stress pouvant provoquer une perte auditive.

Un centre d’usinage à commande numérique

« C’était notre priorité ! déclare Guillaume. On achète ce matériel pour être plus performant, compétitif, et se mettre à jour avec les nouvelles réglementations européennes en vigueur. Ces machines sont beaucoup moins dangereuses pour l’homme. » En particulier les machines destinées au toupillage : « l’automatisation tient l’opérateur à une distance de 1m50 de la pièce. Il y a moins de risques pour les doigts. » Les fraises et les porte-outils sont conçus pour limiter le rejet du bois lorsque l’opérateur usine manuellement la pièce.

En savoir plus sur la toupie à arbre vertical et les dispositifs anti-rejet : fiche INRS ED 92 (lien en fin d’article).

Aspiration des poussières de bois

n28 reportage photo2Le réseau de tuyauterie de l’aspiration intérieure a été progressivement optimisé, avec notamment :

  • l’augmentation du diamètre des tuyaux,
  • la réduction des coudes,
  • le déplacement du système de filtrage à l'extérieur de l’atelier. Les poussières et les copeaux sont rejetés à l'extérieur vers un silo.

Afin de réduire les nuisances sonores, le compresseur qui sert à produire l’air comprimé a été déplacé à l’extérieur de l’atelier. « Le port du casque anti-bruit est presque un réflexe chez nos salariés », note Guillaume.

La cabine de peinture ventilée

n28 reportage photo3« L’installation de cette cabine a été une grande avancée pour la santé des salariés, reconnaît Guillaume. Il faut dire que l’utilisation d’un pistolet à l'extérieur de l’atelier était médiocre au plan qualitatif. » Cette cabine est munie d’un système d’aspiration au sol. Elle est utilisée pour toutes sortes de pulvérisations : vernis, peinture, laque, teinte… En 2016, elle a été intégrée au dispositif de rail de transfert.

En savoir plus sur les cabines d'application par pulvérisation : fiche INRS ED 839 (lien en fin d’article).

Un contrat de prévention axé sur la réduction des manutentions et l’ergonomie

« Après avoir mis en place des premières mesures contre le risque machine, le risque chimique et le risque lié aux poussières de bois, Les menuiseries modernes ont pu se concentrer davantage sur le risque TMS », indique Anne-Marie Passoni, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est.

Un contrat de prévention, signé en 2012, a permis de soutenir financièrement l’entreprise pour l’acquisition de nouveaux matériels.

2 nouvelles ponceuses pour réduire les manutentions et l’empoussièrement

n28 reportage photo4Une ponceuse de chants avec aspiration : « 3 fois moins de manipulations. »

Destinée au profilage et au ponçage des chants de panneaux, la ponceuse ci-contre réalise 3 opérations en une fois : 1 passe sur la toupie et 2 passes sur un rouleau ponceur. « Il y a donc 3 fois moins de manipulations, explique Guillaume. L’élément étant homogène et centralisé, l’aspiration des poussières est améliorée. »

Une ponceuse égreneuse avec aspiration : « La poussière a été divisée par 10 sur ce poste de travail. »

L’enlèvement de la matière se fait à l’aide des 3 rouleaux abrasifs. (diaporama ci-dessous). Plus performant, ce ponçage très fin est destiné aux surfaces de bois planes. Toutes les porosités et aspérités disparaissent de la surface.

Engins de levage : 2 MANUPAC®

n28 reportage photo5Sur la photo, Guillaume Poupinet manutentionne un panneau de bois à l’aide d’un MANUPAC composé d’un palonnier à 4 ventouses pour la prise de panneaux plats très larges.

Le second modèle MANUPAC est un système de levage par aspiration pour lever les plots de bois sans effort. (diaporama ci-dessous)

Précédemment, l’entreprise avait acquis des transpalettes et un chariot élévateur.

Système d’aspiration pour outillage portatif

n28 reportage photo6Sur la photo, le père Alain Poupinet ponce une marche d’escalier. Son outil portatif intègre un système d’aspiration haute dépression. Installé sur la potence, le tuyau d’aspirateur vient se brancher directement sur l’outil. Les poussières et copeaux de bois sont aspirés à la source et renvoyés vers une centrale d’aspiration.

Le réseau d’aspiration a dû être modifié.

« Cette aspiration est très facile d’utilisation. C’est d’ailleurs ce qui incite tous nos salariés à l’utiliser. »

Deux aspirateurs industriels ont également été acquis par l’entreprise pour le nettoyage au sol de l’atelier.

En savoir plus sur la rédaction d’un cahier des charges pour l’installation d'aspiration de poussières :  fiche INRS ED 6052 (lien en fin d’article).

Un dispositif de rail de transfert.

n28 reportage photo7« Le nombre de manutentions a été divisé au moins par 2. »

Ce rail de transfert (en photo) est un dispositif fait maison. Il a permis de fluidifier la circulation des marches dans l’atelier et il a considérablement réduit les manutentions. « Comme elles sont supendues, on n’a plus besoin de les retourner manuellement. De plus, les éléments sont automatisés à l’ouverture et à la fermeture des portes. »

Après la découpe, les marches, dans leur état brut, sont suspendues aux crochets grâce à un ingénieux système de fixation qui chemine sur un rail tout le long du processus : pistolage en cabine de peinture, séchage, ponçage, égrenage, re-pistolage, re-séchage, avant emballage sur le chariot. (diaporama ci-dessous)

« Auparavant, les marches d’escaliers étaient manutentionnées sur un chariot à chaque étape du processus. Ces opérations étaient multipliées par 15 marches en moyenne, recto-verso, ce qui multiplie par 30 les opérations ! »

Une table de travail ergonomique

n28 reportage photo8Alain Poupinet l’a conçue. Montée sur roulette, elle fait office d’établi, de lieu de stockage des pièces, et sert à l’assemblage et au transport des marches.

L’ergonomie a été spécialement étudiée : préhension du stock à 1 mètre de hauteur. Elle est creusée au centre pour poser l’outillage. En façade, plusieurs casiers de rangements sont prévus : plans d’assemblage, papiers de verre, consommables, quincaillerie... « Cette table de travail présente de multiples avantages : elle centralise toutes les pièces et outils et nous évite de nombreux déplacements dans l’atelier. » Sur le diaporama ci-dessous, le chef d’atelier la fait rouler.

Formation

n28 reportage photo9Le contrat de prévention signé avec la Carsat Sud-Est prévoit également un cycle de formation. Guillaume Poupinet, chargé de prévention, a suivi 3 formations :

  • Compétences de base en prévention des risques professionnels (dispensée par la Carsat Sud-Est),
  • CACES (Certificat d'aptitude à la conduite en sécurité) pour la conduite d’engins de manutention,
  • SST : Sauveteur Secouriste du Travail.

« Au-delà de leur intérêt technique, ces formations m’ont appris à prendre du recul par rapport aux risques professionnels. À l’avenir, nous continuerons à progresser dans notre démarche de prévention. »

Investissements : Les menuiseries modernes, Peypin (13124)

Secteur menuiserie fabrication d’escaliers, 8 salariés, surface atelier 1000 m2.

Système d’aspiration pour matériels portatifs : 20 à 30 000€

1 ponceuse de chants : 55 000€

1 ponceuse égreneuse : 75 000€

2 MANUPAC® : 11 850 €

1 table de travail ergonomique : fabrication maison

Le dispositif de rail de transfert : fabrication maison

En savoir plus :

ED 92 Fiche pratique de sécurité : Toupie à arbre vertical – choix des outils anti-rejet. INRS, 2000.

ED 6052 Installations d'aspiration de poussières pour des machines à bois portatives et pour le nettoyage. INRS, 2009.

Prévenir les risques liés aux poussières de bois. Dossier INRS.

ED 839 Cabines d'application par pulvérisation de produits liquides. INRS, 2010.

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