Située à Toulon, Carole B est une petite entreprise qui fabrique des vêtements professionnels. En 2014, elle a bénéficié de l’appui de la Carsat Sud-Est pour initier une démarche de prévention des risques professionnels axée sur l’ergonomie, la formation et l’amélioration des conditions de travail.
Santé, restauration, artisanat, BTP… Depuis 1992, Carole B fabrique des vêtements de travail professionnels. Composée de trois ateliers – découpe, couture et boutons pression/repassage –, cette entreprise familiale emploie 6 salariés, dont un coupeur, deux mécaniciennes-couturières, une vendeuse, une secrétaire et un commercial.
La polyvalence
30 à 50 unités sont produites chaque jour. Comme dans toute entreprise du secteur textile, les risques professionnels sont liés en majorité aux postures contraignantes, aux gestes répétitifs et aux manutentions qui génèrent des troubles musculo-squelettiques (TMS). S’y ajoutent les risques de coupures, la fatigue visuelle et nerveuse.
« Mes employées sont toutes polyvalentes, assure le gérant, Jean-Claude Benhamou (sur la photo). La vendeuse effectue la pose des boutons pression et le repassage, les couturières font le montage de A à Z en aidant le coupeur et en posant des boutons pression, la secrétaire donne un coup de main pour la réception des tissus et les livraisons. » Quel meilleur antidote contre les tâches répétitives et minutieuses ? Savoir faire oblige, « le travail à la chaîne n’est pas envisageable dans mon métier. Cette organisation s’impose d’elle-même. »
Le contrat de prévention avec la Carsat Sud-Est
En 2013, le gérant de la société Carole B a la volonté de mettre en conformité ses locaux, « en particulier les installations électriques et les sanitaires. L’Inspection du travail m’avait informé que la profession avait signé une Convention Nationale d’Objectifs avec la Cnamts en 2010. Je pouvais donc bénéficier d’un contrat de prévention avec la Carsat Sud-Est. »
Lors de leur visite, les préventeurs de la Carsat Sud-Est l’incitent à aller plus loin dans l’évaluation des risques. « Nous avons identifié des situations de travail potentiellement génératrices de TMS dans l’atelier de découpe et les conditions thermiques et d’éclairage nécessitaient des améliorations », indique Loïc Vieil, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est.
Convaincue, Carole B s’engage à respecter la CNO en signant un contrat de prévention avec la Carsat Sud-Est. Après avoir « difficilement » obtenu un prêt bancaire de 20 000 euros, l’entreprise envoie les devis à la Carsat Sud-Est. Les travaux seront réalisés en deux temps, 2014 et 2015. Le résultat est à la hauteur des attentes. « Je tiens à remercier la Direction des Risques Professionnels de la Carsat Sud-Est pour son aide précieuse, en particulier Loïc Vieil, Julien Bonnans, Eric Gorniski et Jean-François Adam. »
Un dérouleur stockeur de rouleaux semi-automatique
Auparavant, les rouleaux de tissu étaient empilés derrière la table. Après chaque coupe, le coupeur devait ranger le rouleau, en sélectionner un nouveau et le poser sur la table. « Toutes ces manutentions sont fatigantes, surtout au niveau des reins et du dos ». De plus, « les couturières étaient sollicitées en permanence pour chaque manipulation ».
Le nouveau meuble dévidoir facilite le déroulage. Le chargement manuel des rouleaux est très simple. D’une capacité de stockage de 15 rouleaux, son chariot semi-automatique est actionné au moyen d’un simple bouton. Le rouleau sélectionné se positionne à hauteur de table, facilitant ainsi le calage des rouleaux. Le coupeur tire le rouleau, coupe le tissu puis l’enroule.
Corinne et Monia, les deux couturières : « Ce nouveau meuble dévidoir a grandement facilité la découpe. On travaille beaucoup plus vite. »
L’amélioration des conditions d’éclairage
La confection est un travail minutieux qui exige un niveau d’éclairement adapté à la précision des travaux, notamment pour la découpe : choix des couleurs, mesure et coupe, une opération toujours délicate. L’éclairage artificiel a été modifié en conséquence. Le panachage des tubes fluorescents, couplé à la lumière du jour entrant par l’imposte vitrée de la porte d’accès (voir ci-dessous), contribuent à donner un éclairage plus homogène sur toute la surface de la table de découpe, tout en respectant la température de couleur « blanc lumière du jour ». Loïc Vieil précise que « le niveau d’éclairement minimum de 500 lux a été contrôlé par l’IPRP de la médecine du travail » (Intervenant en prévention des risques professionnels).
Rénovation de la porte d’accès
Les rouleaux de tissu sont livrés derrière le magasin par une porte d’accès (en photo) qui ouvre directement sur l’atelier de découpe. « Lors de notre visite, nous avons constaté que cette porte, située au nord, était mal isolée, observe Loïc Vieil. En hiver, la température des locaux n’était pas adaptée à l’organisme humain. »
- L’ambiance thermique, avec l’isolement des parois et des vitrages,
- L’éclairage, par l’installation d’une imposte vitrée laissant passer la lumière du jour,
- La diminution du niveau sonore, grâce au double vitrage.
Nouvelle machine à l’atelier de couture
Le contrat de prévention a également permis l’investissement dans une nouvelle machine à coudre. « Nous avions une piqueuse plate et une machine à surfiler (au bord du tissu pour éviter l’effilage), explique Corinne l’une des deux couturières (au premier plan sur la photo). La surjeteuse cumule simultanément le piquâge et le surfilage, ainsi que le coupage. C’est un très bon achat. On se déplace beaucoup moins et c’est un gain de temps. »
Formation Sauveteur Secouriste du Travail
La Convention Nationale d’Objectifs insiste également sur l’obligation de formation des salariés au Sauvetage Secourisme du Travail. Anne, la secrétaire, a suivi deux jours de formation SST. « C’était très instructif. Dieu merci, je n’ai pas encore eu besoin de porter les premiers secours ! » Anne est prête à intervenir en cas de nécessité, et elle peut participer aux actions de prévention et de protection au sein de son entreprise.
La société Carole B projette une extension des locaux et le lancement de deux nouvelles lignes : des vêtements professionnels destinés au secteur du BTP et des vêtements grand public sportwear. « Notre machine à pression est ancienne. Pour riveter chaque bouton pression, il faut donner un coup sur la pédale. Cet effort répété sur la hanche, c’est très fatigant pour les salariées et pas assez productif. » À l’avenir, le gérant envisage l’achat d’une machine à boutons pression « plus ergonomique », ainsi qu’un nouveau poste de repassage « mieux adapté aux conditions de travail ». Carole B continue à tisser la toile de sa prévention.
BON A SAVOIR : Une nouvelle Convention Nationale d’Objectifs
La CNO spécifique aux activités du textile et de l’habillement a été signée le 13 juin 2016 entre la profession et la Cnamts. Les entreprises de moins de 200 salariés désireuses d’adhérer à cette CNO ont la possibilité de négocier et d’établir des contrats de prévention avec la Carsat Sud-Est jusqu’au 12 juin 2020.
INVESTISSEMENTS : Carole B, Toulon (83000)
Secteur Habillement, 6 salariés
Achat équipement/matériel : 20 000 euros
Aide de la Carsat Sud-Est : de 20 à 40% selon le type d’investissement
En savoir plus
Recommandation R 412 : Manutentions des bobines et des enrouleurs. INRS, 2005.
Recommandation R 415 : Poste de travail de mécanicien(ne) de confection. Implantation et environnement. INRS, 2005.
Eclairage artificiel au poste de travail : fiche pratique de sécurité. INRS, 2013.