Leader mondial du PVC flexible, le groupe français s'est engagé dans une démarche de prévention des TMS dans son usine des Hautes-Alpes. L'action a été menée de bout en bout par l'entreprise.
EXTRUFLEX fabrique des lanières en PVC, des panneaux et des films souples transparents (fine vinyl) pour la confection de portes industrielles, partitions, fenêtre flexibles, etc.
Présente sur tous les continents, cette marque mondialement connue a une maîtrise totale de sa chaîne de production : elle fabrique les billes de plastiques (compound), qui transitent sur les extrudeuses pour produire, suivant le cahier des charges du client, des lanières et des panneaux PVC de différentes dimensions (de 10 cm à 2,2 mètres de largeur et de 1 mm à 10 mm d'épaisseur), ainsi que des rouleaux de Fine Vinyl (1,4 m. de largeur avec des épaisseurs de 0,3 à 1 mm).
Le site de La Roche de Rame, près de Briançon
- Entre 25 et 30 salariés.
- La production travaille en 3x8.
En 2015, EXTRUFLEX a bénéficié d'une aide financière simplifiée (AFS) sur la prévention du risque chimique pour équiper le poste de nettoyage des outillages d'une table aspirante. « Cette aide a été une opportunité pour l'entreprise d'aller plus loin dans la démarche de son choix », précise Claudine Beuvain, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est.
Un contrat de prévention est signé avec la Carsat Sud-Est en 2016. Étalé sur 2 ans, il porte sur deux axes de prévention :
- Le risque chimique : un travail de fond a été réalisé pour adapter les systèmes d'aspiration des extrudeuses. Cette méthodologie a été communiquée sur le site jumeau à Zhongshan, en Chine.
- Les troubles musculo-squelettiques (TMS).
PAROLE DU PROFESSIONNEL
« De nombreuses manutentions manuelles interviennent dans notre process. Avec la volonté de la Direction, l'entreprise a piloté de bout en bout une action TMS, avec un rebouclage en fin de démarche. »
Nicolas Domény, responsable QHSE
- Un cabinet expert, spécialisé dans la plasturgie, a réalisé un état des lieux pour repérer et diminuer les risques liés aux TMS. “Il nous a accompagné tout au long du projet. Ce regard extérieur est important. Il motive les équipes.” À la fin de l'étude, 3 équipes ont reçu une formation-action PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique) adaptée à leur activité.
- Un groupe de travail a été mis en place en interne. Composé des salariés (chefs d'équipe, opérateurs machine, responsable HSE), il a priorisé les axes de travail et définit un plan d'actions progressif.
- Certaines actions sont terminées, d'autres sont en cours de réalisation ou encore à l'étude.
L'action TMS en 4 temps
- État des lieux fin 2016 par le cabinet spécialisé.
- Analyse des postes de travail par le groupe de travail. Le cabinet a validé l'efficacité du plan d'actions à l'été 2017.
- Plan d'actions : les nouveaux dispositifs répondent à des besoins spécifiques qui ne sont pas en catalogue. Chaque réalisation – dispositif ou produit – nécessite un cahier des charges, une étude de faisabilité, des prototypes, des améliorations, jusqu'à intégration finale dans le process.
- Suivi et amélioration continue : en décembre 2018, le groupe de travail a évalué les nouveaux dispositifs en présence du cabinet. La boucle est bouclée. Les actions se poursuivent.
Focus sur les actions phares
1. Zone de préparation des matières et du compound
- Equipement d’un chariot manuel pour le transport des sacs et des colorants.
Actions en cours :
- Aménagement de l’espace.
- Installation d’une aide mécanique pour transporter les sacs de matière.
2. Espace de stockage des matières et du compound
- Rangement et dégagement de l’espace pour une circulation en plus grande sécurité.
3. Production des lanières
- Sensibilisation aux « gestes et postures ».
- Formation de personnes ressources.
- Affichage de la consigne en évidence pour utiliser systématiquement le palan
- Affichage INRS
- Équipement d’une plateforme sécurisée (à d. photo ci-contre) pour réaliser la dernière couche de cartons (ou bobines).
4. Production des panneaux
Des manipulations manuelles ont été identifiées sur la découpe des chutes et des laizes à l'aide de cuteurs.
- Mise en place d’un broyeur sur la machine qui récupère les chutes, les broient et les achemine directement vers un mélangeur.
Grâce à un système de transit par air, le PVC broyé est ensuite réinjecté dans un container pour réintégration dans l'alimentation de la machine.
Bénéfices : les découpes manuelles sont supprimées, la charge de l'opérateur panneau est allégée (suppression des découpes de laize), les opérations manuelles de l'opérateur broyage sont supprimées : plus de récupération des rebus, ni de manipulation de caisses de rebus, ni de transport de matière recyclée. « On travaille en circuit fermé. »
- Aménagement d'un poste de découpe panneau avec des dévidoirs à rouleaux
Le rouleau, posé sur un berceau à hauteur d'homme, supprime les postures contraignantes. La force appliquée pour la découpe respecte les angles de travail préconisés. L'opérateur panneaux gagne en confort de travail.
Action en cours : un système de coupe semi-automatisé pour découper le PVC de forte épaisseur lors de la phase de démarrage.
L'objectif est de supprimer la force exercée par l'opérateur en utilisant un couteau électrique ou une scie circulaire.
Trois essais ont été réalisés depuis la fin 2017. « L'outil pneumatique n’est pas performant. Le groupe de travail s’oriente vers un outil avec une lame spécifique. L’outilleur doit adapter son couteau à la spécificité des panneaux (épaisseur, matières). Une alimentation électrique pourrait fournir la puissance nécessaire à la découpe des panneaux. »
5. Poste de découpe des bobines défectueuses (panneaux)
Actions en cours :
- Aménagement de la zone avec un dérouleur.
- Affichage des « bonnes postures ».
6. Le nettoyage des filières
- La clé à chocs a été remplacée par ce matériel récent, plus léger, avec amortisseur de vibration.
Action à poursuivre : pose d'une potence pour soutenir l’outil.
Investissements EXTRUFLEX, site La Roche de Rame, 05310
Secteur Plasturgie, 30 salariés
Captage sur deux lignes d'extrudeuses : 68 000 €
Démarche de prévention des TMS : 10 000 €
Formation PRAP IBC : 1 200 €
En savoir plus
Entreprises de plasturgie. Métiers, INRS.
L'industrie de la plasturgie. Dossier Travail et sécurité, 2016.
Troubles musculosquelettiques (TMS). Dossier INRS.
Atelier de plasturgie. Guide pratique de ventilation. Brochure INRS, 2013.
Plasturgie. Injection ou moulage de thermodurcissables. Fiche d'aide au repérage de produit cancérogène. Brochure INRS, 2015.