Comment rationaliser les flux de circulation et les opérations de manutention sur le site d'une entreprise ? Europliage, spécialiste de la porte blindée, a lourdement investi.

Europliage (06) fabrique des portes blindées pour le marché professionnel de la rénovation et réalise tous travaux de métallerie pour l’industrie et le bâtiment : découpe laser (acier, inox, aluminium), pliage et soudure (jusqu’à 4 mètres de longueur), peinture industrielle (par poudrage électrostatique).

Situé à Saint-Laurent-du-Var, l'atelier (1000 m2) concentre toutes les activités. Pour Rachel Paire, gérante, « la sécurité des salariés est une priorité. En 2014, nous avons sollicité la Carsat Sud-Est pour réaliser une évaluation des risques professionnels. »

n41 reportage photo 14 risques principaux identifiés :

  • les manutentions manuelles de charges lourdes > 25kg (comme on le voit sur cette photo en 2014 avant investissement),
  • les circulations à l'intérieur du site,
  • l’utilisation de machines,
  • les nuisances chimiques liées à des aérosols.

En avril 2014, la Carsat Sud-Est signe un contrat de prévention avec l'entreprise pour la conseiller et l'aider financièrement dans l'acquisition d'équipements. « Deux avenants ont été portés au contrat, précise Céline Folcher, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est. Europliage a toujours su faire évoluer sa réflexion pour améliorer les conditions de travail des salariés tout en gardant en tête le ratio coût d'investissement et aide financière. »

Le convoyeur aérien à commande manuelle

n41 reportage photo 2Claude Aymeric, responsable Qualité : « La réduction du port de charges lourdes était une priorité. Auparavant, tout se faisait en chariot à roulette, depuis la réception des portes jusqu'à l'emballage... Un vantail pèse entre 50 et 80 kg. Il fallait le poser sur le chariot, pousser le chariot, accrocher/décrocher le vantail pour le zingage, le dégraissage, puis repousser le chariot vers le poste de peinture, etc. »

Fin 2014, un convoyeur aérien a été installé. Dès réception des pièces, l'opérateur peut les accrocher sur le palonnier. Celles-ci sont ensuite dirigées manuellement sur le rail à galets tout au long du process.

La station élévatrice

n41 reportage photo 3« En optimisant la fonctionnalité du convoyeur, on a pu bénéficier d'une station élévatrice pour le même prix. »

Si une porte ou un élément de métallerie est trop lourd, l'opérateur peut actionner cette station par commande à distance, pour sortir la pièce du chariot ou la monter sur le convoyeur par exemple.

 

La cabine "tunnel" de poudrage

n41 reportage photo 4« En étudiant l'implantation du convoyeur, on a vite compris qu'il fallait changer la cabine de peinture. »

Dès 2015, la cabine de poudrage a été intégrée dans la marche en avant du process de l’atelier peinture.

«Désormais, le peintre est autonome. Grâce au convoyeur, il n'a plus besoin de l'aide de quelqu'un pour déplacer une pièce ou déposer une porte sur un chariot. »

De plus, le poste est stabilisé.

Réduction des nuisances chimiques

Ventilation de la cabine de peinture : Pour une meilleure adhésion à la pièce, une poudre électrostatique est pulvérisée au pistolet. La paroi du fond a été équipée d'un système d'aspiration horizontal. C'est Roland Niéri, contrôleur de sécurité et référent Ventilation au Laboratoire interrégional de Chimie de la Carsat Sud-Est, qui a accompagné l’entreprise pour définir les caractéristiques techniques attendues du fournisseur de la cabine de peinture (vitesse d'air mesurée à la réception > 0,5 mètre/seconde).

n41 reportage photo 51 seule référence de solvant : avant 2014, il existait déjà une armoire spécifique pour le stockage des produits chimiques (peintures et poudres).

Progressivement, les produits solvantés ont été supprimés. Les huiles de coupe, etc. sont désormais des fluides aqueux biodégradables.

« Une seule référence de produit solvanté est encore utilisée aujourd'hui pour le dégraissage des pièces. »

 « Ce produit classé nocif est approvisionné dans 3 bidons étanches qui restent fermés dans l'armoire de sécurité. Son bac de rétention est dimensionné pour accueillir les 3 bidons. ». L'opérateur porte un masque de protection respiratoire lors des opérations.

n41 reportage photo 6PAROLE DU PROFESSIONNEL « L'amélioration des conditions de travail et de l'ergonomie a permis de structurer l'organisation de la production et de la surface productive. » Claude Aymeric, responsable Qualité

Le manipulateur à ventouses monté sur portique

n41 reportage photo 7En 2016, cette réflexion s'est poursuivie dans la seconde partie de l'atelier, aux postes de coupe, pliage et préparation du vantail.

Pour supprimer les manutentions de vantaux et autres charges lourdes, l'entreprise a investi dans un manipulateur à ventouses.

Le portique a été dimensionné pour couvrir 2 installations regroupées : la découpe laser et la soudure par points.

Claude Aymeric : « En récupérant les espaces de manutention, on a créé de la valeur ajoutée. Les flux de chargement/déchargement ont été concentrés sur la porte d'entrée. Auparavant, il fallait maintenir une allée pour le passage du Fenwick. Un îlot a été créé entre les postes de coupe/pliage et la préparation du vantail. La surface de production a été optimisée. »

Création d'un  poste de « soudage par points »

Les portes blindées sont certifiées anti-effraction A2P BP1 (Assurance Protection Prévention – référentiel assureur).

« Auparavant, l'assemblage nécessitait de multiples opérations génératrices de perte de temps. Toutes ces opérations ont été remplacées par la soudure par points. »

Ce procédé comprend l'ensemble pince à souder et équilibreur vertical sur suspension. Il a été certifié A2P BP. « Le temps de soudure par points correspond au temps d’installation des rivets. »

Une table de soudage réglable en largeur

n41 reportage photo 8« Les cotes sont différentes d'une porte à l'autre... »  L'entreprise a donc acquis une table de soudage réglable en largeur par un système de crémaillère.

« Cette opération s'enchaîne très bien avec le pliage. Dès que l'opérateur a plié son vantail, il va le poser directement sur la table à souder, à l'horizontale. L'opérateur n'a plus qu'à descendre la pince pour souder. Les manutentions sont supprimées. L'ergonomie facilite l'activité. »

n41 reportage photo 9PAROLE DU PROFESSIONNEL « Le résultat va bien au-delà de nos attentes. Le retour sur investissement est très satisfaisant et nous permet d’envisager notre développement avec confiance. » Rachel Paire, gérante EUROPLIAGE

La démarche prévention continue. Le confort visuel des salariés a été amélioré avec le passage en équipes de 6h à 21h. « L'hiver, il y a moins de lumière. » Bientôt, l'éclairage sera remplacé par des ampoules à LED et complété dans les endroits sensibles de l'atelier.

Prochain objectif : améliorer le confort thermique des salariés.

INVESTISSEMENT : EUROPLIAGE, Saint-Laurent-du-Var (06700)

Secteur activité métallurgie et sous-traitance industrielle, 21 salariés, 1000 m2

Coût convoyeur + station élévatrice : 42 000 €

cabine "tunnel" de poudrage : 18 000 €

manipulateur à ventouses + portique : 32 500 €

pince à souder + équilibreur vertical sur suspension : 15 000 €

table de soudage réglable en largeur : 10 000 €

Coût total de l’investissement aidé : 123 000 €

En savoir plus

ED 6002 - Conception de l'organisation des circulations et des flux dans l'entreprise, INRS 2007.

ED 695 - Principes généraux de ventilation, guide pratique INRS, 2015.