Inaugurée en juin 2014, la plate-forme Samada Clésud assure la logistique de Monoprix dans le Sud de la France. Avec l’appui du service Ingénierie de Prévention de la Carsat Sud-Est, de nombreux progrès ont été réalisés pour réduire les risques professionnels, aussi bien sur les quais que dans les entrepôts.

Depuis 1955, Samada assure la logistique du groupe Monoprix. Progressivement, un réseau de plates-formes s’est mis en place sur tout le territoire. À ce jour, il compte 15 sites en France, dont la plate-forme Samada pour la région sud, installée sur le pôle logistique Clésud, commune de Grans (13450).

« Le site Clésud est le premier du réseau Samada à regrouper l’intégralité des flux frais et sec, indique Patrick CIOLFI, son directeur. Il résulte de la fusion des plates-formes de Cavaillon (sec, 18 000 m2) et Plan-d’Orgon (frais, 4 200 m2) qui était prévue dans le schéma directeur des flux de Samada pour accompagner les mutations et le développement du groupe Monoprix (flux tendus, ouvertures de magasins, etc.). Notre objectif est de garantir le meilleur coût / service au groupe Monoprix et d’être proactif en matière de prestation logistique. »

Samada Clésud en chiffres

La surface totale a quasiment doublé : 30 000 m2 pour le sec, 8 000 m2 pour le frais. L’activité se décline en 2 phases : la réception des marchandises (et stockage si nécessaire) / l’expédition  (préparation des commandes magasins et livraisons). En moyenne, 100 camions interviennent chaque jour. Équipé de 107 portes de quai, le site affiche une régularité dans la production : 21,4 millions de colis sont traités chaque année, en direction de 170 magasins en Paca / Languedoc, soit 400 000 agrès de livraisons expédiés par an.

La phase d’étude-conception a duré de la fin 2011 à 2013. Elle a bénéficié de l’accompagnement du service Ingénierie de Prévention de la Carsat Sud-Est. Le déménagement a eu lieu le 2 juin 2014. M. CIOLFI dirigeait précédemment la plate-forme de Cavaillon. Ce retour d’expérience lui a permis d’apporter de nombreuses améliorations à Clésud.

PAROLE DU PROFESSIONNEL : « Samada est une filiale intégrée au groupe Monoprix. Nous avons de la visibilité pour investir à long terme dans la sécurisation des biens et des personnes. » Patrick CIOLFI, directeur Samada Clésud

1. Sécurisation des quais

n19 bp photo1« À Cavaillon, nous avions connu quelques départs intempestifs de camions, heureusement sans gravité, rappelle M. CIOLFI. Chauffeurs pressés, incompréhension linguistique ou méconnaissance de la procédure… Ce danger potentiel a été identifié en phase de réception. »

Un système de calage des roues avec kit de signalisation équipe 55 portes de quai dédiées à la réception (sec et frais) et à l’expédition (sec et frais à destination des plateformes d’approche). À l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment, ce système comprend un feu bicolore et un avertisseur sonore (en cas de retrait inopiné du cale-roue), couplés à la cale de roue par liaison WiFi (pas de risque d’arrachement ou de chute). Il est équipé d’un asservissement par détection optique à la porte de quai et au niveleur. Les risques de chute de hauteur ou d’écrasement sont réduits. Le monnayeur à jeton empêche tout départ intempestif ou dérive du camion.

La procédure de calage est visible sur chaque cale-roues et une note d’information est en place au niveau de chaque accueil chauffeur. Lorsque le camion est mis à quai, le chauffeur remet les clés de son véhicule au bureau administratif en échange d’un jeton qui lui permet de récupérer la cale et de la placer manuellement sous sa roue. Le feu extérieur passe au rouge, le feu intérieur passe au vert. A l’intérieur du bâtiment, le préparateur de commande peut alors ouvrir la porte de quai, actionner le quai niveleur et charger/décharger en sécurité. Ceci fait, le préparateur referme le niveleur et la porte de quai. Le feu rouge extérieur reste fixe et le vert clignote. Le chauffeur peut alors retirer la cale, puis aller récupérer ses clés en échange du jeton. Si le chauffeur ne respecte pas l’une de ces procédures, un puissant avertisseur sonore retentit à l’intérieur et à l’extérieur du quai. Toute la procédure est à refaire.

n19 bp photo3« Ce système est fiable – aucune panne en deux ans d’activité – et globalement c’est intéressant en termes d’investissement, note M. CIOLFI. Simple et rapide, cette procédure assure une bonne sécurisation lors des opérations de chargement/déchargement. En l’absence de véhicule, la porte de quai est fermée. Même s’il fait très chaud, on ne peut plus ouvrir la porte de quai pour s’aérer. Trop risqué. »

Concernant les quais dédiés à l’expédition vers les magasins Monoprix en Paca / Languedoc, notamment les produits frais, le chargement s’effectue de 17h00 à 00h20 et les départs des véhicules se font à partir de 2H00 du matin. « Comme il n'y a personne dans l’entrepôt lors du départ des camions, les 51 quais autodocks ne nécessitent pas de cale-roues, estime M. CIOLFI. Et d’ajouter : « le risque de chute de hauteur est réduit du fait que sur un quai autodock, le niveleur est positionné à l’extérieur du bâtiment. Si un salarié ouvre malencontreusement la porte de quai, il est séparé de l’extérieur par le chassis métallique, d’une longueur de 2m50. »

2. Séquençage des horaires de travail

« À Cavaillon, les pauses sauvages étaient tolérées, mais elles engendraient beaucoup trop de précipitation pour rattraper le temps perdu. »

  • Des pauses obligatoires de 20 minutes. Dès l’ouverture de Samada Clésud, M. CIOLFI a changé les règles. « Les horaires de réception se font de 5h00 à 17h00, les horaires de chargement de 17h00 à 00h20, du lundi matin au samedi soir. Toutes les deux heures environ, une pause de 20 minutes, par service, a été généralisée à l’ensemble du personnel. » Ces temps de pause sont pris en charge à parts égales entre employeur et employés.

« Cette mesure a été bien reçue socialement. Le personnel ne se disperse plus. Il n'y a plus de perte de temps », constate M. CIOLFI.

Stéphan LHEN, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est, suit l’entreprise depuis 2010 : « Cet aménagement des horaires a eu un effet positif sur la gestion des flux de chariots et du personnel dans les entrepôts. »

  • Un quart d’heure sécurité est instauré auprès de l’ensemble du personnel, a minima mensuel et pour chaque événement particulier, notamment après un incident ou un accident du travail. Les caméras de vidéosurveillance ont permis d’améliorer l’analyse des faits.

3. Manutention

L’investissement dans les équipements a surtout porté sur les flux stockés. « En flux tendu sur le frais, le personnel évolue à pied sur une zone assez restreinte, précise M. CIOLFI. Les risques liés aux manutentions sont moindres que sur les produits secs qui nécessitent un stockage avant répartition et des métiers plus divers : 40 préparateurs, 8 caristes de stockage ou de rempotage, beaucoup d’engins roulants… Les problématiques de prévention sont différentes. »

n19 bp photo4« Du 100% manuel à Cavaillon, on est passé à 95% du filmage automatique sur les flux secs à Samada Clésud. »

2 robots de filmage mobiles (en photo) : autonome, le robot tourne autour de la palette. Le film se dépose, s’enroule et se coupe de manière automatique. L’opérateur agit sur la machine uniquement pour corriger la trajectoire.

6 banderoleuses automatiques fixes : Un cadre tracé au sol permet de positionner la palette par rapport à l’axe de rotation du bras. Adapté à tout type de palettes (instables ou lourdes à manipuler), cet équipement offre des cadences élevées.

Bientôt le Deroulpack®. « Sur la partie frais, nous n’avons pas suffisamment d’espace pour installer des banderoleuses fixes. 3 robots filmeurs assurent 15% du filmage automatisé. Cette partie est actuellement en chantier. » Sur le conseil de M. SCOTTO d’ANIELLO de la Carsat Sud-Est, l’entreprise a la volonté de s’orienter vers le Deroulpack®. Cet équipement manuel de filmage des palettes réduit les contraintes posturales par une réponse ergonomique adaptée : suppression des efforts et du risque de coupure, réduction des flexions du dos, filmage en avançant « tête haute » réduisant les risques de heurt par un engin. « Ce système sera testé prochainement sur le frais », affirme M. CIOLFI.

Un distributeur de palettes a été installé et 4 000 palettes plastique ont remplacé les palettes en bois. Plus légères (18 kg au lieu de 25 kg), elles sont aussi plus maniables.

10 Presses à carton et plastique sont dispersées dans tout l’entrepôt. Facilité d’accès, suppression des conteneurs, utilisabilité simplifiée par ouverture de la porte… « Les caristes ne se jettent plus au fond du conteneur pour aller compacter ! »

Le port des chaussures montantes a été généralisé.

Ergonomie

n19 bp photo8Les pickings dynamiques (en photo) : 3 nappes de rayonnages composés de cadres et de rails à galets légèrement inclinés réduisent les manutentions lors du réassort. « Ils nécessitent toutefois une manutention manuelle supplémentaire du cariste (pour le rempotage) », observe M. CIOLFI.

25 chariots à hauteur réglable pour la préparation des commandes.

Les réhausses de picking montées sur vis permettent de gagner 40 cm de hauteur.

Circulation

n19 bp photo9A l'extérieur des bâtiments, les flux de circulation entre les poids lourds et les véhicules légers du personnel ont été séparés, selon le vœu de la Carsat Sud-Est. « Je dois avouer que c’est un vrai bonheur », avoue M. CIOLFI. Les voies piétonnes sont munies de barrières de sécurité.

Dans les entrepôts (sous éclairage naturel), un code de la route impose un sens unique de circulation dans les allées, les voies piétonnes sont bien identifiées et des barrières de sécurité ont été posées en de nombreux endroits. Les risques de collision sont considérablement réduits. « Deux chemins de préparation ne peuvent pas se croiser. »

Investissements Samada Clésud, Grans (13450)

Entreposage et stockage non frigorifique et flux tendus frais, 160 salariés, surface 40 000 m2

Durée du chantier étude-conception-réalisation : 2 ans et demi

55 cale-roues : 120 000 €

10 Presses à carton et plastique : 109 000 €

6 banderoleuses automatiques fixes. Coût unitaire à la location : 200 €/mois

5 robots de filmage mobiles : environ 45 000 €

1 distributeur de palettes : environ 20 000 €

4 000 palettes plastique : environ 60 000 €

61 pickings dynamiques à trois niveaux : environ 83 000 €

25 chariots à hauteur réglable : coût unitaire supplémentaire de 80€/mois à la location

Banderoleuse manuelle Deroulpack® : entre 300 et 400 € HT

En savoir plus :

Evaluez vos risques avec l’outil en ligne OiRA Transport.

Conception des entrepôts et plates-formes logistiques, guide ED 6205 INRS, 2015.

Conception rénovation des quais pour l’accostage, le chargement et le déchargement des poids lourds, guide ED 6059 INRS, 2013.