Pour son programme immobilier neuf à Marseille 3ème, Nexity a fait le choix de la brique. Une première en PACA sur des immeubles de 7 et 10 niveaux. L’installation d’échafaudages de pied à demeure a permis de mutualiser les moyens de protection collective contre les chutes de hauteur pendant toute la durée des travaux.

n15 bp photo groupe mini[légende de la photo] de g. à d. : Olivier Trojani (Carsat Sud-Est), Rémy Thomas (Actibat), Meriem Chorfi (Nexity), Paulo Queiroz (Actibat), Thierry Ausseil (BTM-Egis), Benoît Salles (Nexity).

Le programme de construction « L’ENVOL » a débuté en mai 2015 : 271 logements mixtes en brique, répartis entre 8 bâtiments et un parking en silo, de 7 à 10 niveaux (R+6 à R+9). La fin du gros œuvre est prévue cet été, la livraison définitive à fin 2016.

Ce projet de renouvellement urbain s’inscrit au cœur du quartier Saint-Mauront, « un secteur en devenir, selon Meriem Chorfi, responsable de programmes chez Nexity Immobilier Résidentiel Provence. Il jouit d’une bonne visibilité depuis Plombières. Nexity, avec l’appui d’ACF Coordonnateur Sécurité et Protection de la Santé (CSPS), du Maître d’œuvre Bureau Technique Méditerranée (BTM - filiale du groupe EGIS) et ses bureaux d’étude, a choisi la brique pour des raisons économiques et d’image de marque. Nous sommes le premier promoteur à Marseille à développer ce mode de construction sur des hauteurs aussi importantes. »

Benoît Salles, directeur technique adjoint chez Nexity Immobilier Résidentiel Provence, confirme : « ces logements sont destinés à des bailleurs sociaux, des institutionnels et des particuliers. Dans le respect du tissu local, nous avons souhaité faire l’opération la plus économique de Marseille pour vendre au meilleur prix. Le choix de la brique a permis d’optimiser les coûts de construction. Compte tenu de la hauteur des immeubles et de la situation en centre-ville, le montage des briques est d’autant plus contraignant en termes de sécurité. »

La Carsat Sud-Est impose la protection collective contre les chutes de hauteur pendant toutes les phases de travaux

n15 bp photo1 miniOlivier Trojani, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est, a participé aux réunions de coordination du CISSCT (Collège inter entreprises de sécurité, de santé et des conditions de travail), obligatoire sur ce chantier de catégorie 1 : « la mise en place d’un échafaudage de pied muni de recette à matériaux en périphérie de tous les bâtiments, monté à l’avancement et utilisable par tous les corps de métiers, est un choix du MOA sur conseil du CSPS et du MOE. Ceci permet de répondre à nos préconisations sur les risques de chutes et sur les risques liés aux manutentions pendant toutes les phases du chantier. »

« Lors de la phase préliminaire aux travaux de construction, nous avions été sensibilisés par la Carsat Sud-Est et la DIRRECTE PACA », observe le MOE Thierry Ausseil (BTM, filiale du groupe EGIS).

Le CSPS Robert Cavalieri rappelle aussi que MOE et CSPS ont suivi une forte campagne de sensibilisation dans le Var : « Les organismes préventeurs nous imposent de protéger nos plans de travail par des protections collectives pendant toutes les phases des travaux. »

Les protections par perches posent des problèmes en termes de sécurité : « peu stables, rarement à la verticale, elles ne sont pas toujours bien positionnées et pas toujours mises à l’avancement. ». Ce que confirme aussi Benoit Salles : « monter un R+6 ou un R+9 en brique avec des filets plaqués n’est pas raisonnable. Notre priorité a été de ne pas entraîner les entreprises dans un choix constructif qui les mettrait en difficulté lors de la réalisation. »

Un échafaudage de pied à demeure et utilisable par tous

Le gros œuvre a été confié à Actibat. Dès le lancement des travaux, Actibat a fait appel à l’échaffaudeur SPE pour monter un échafaudage de pied en périphérie de chaque bâtiment. Il est monté à l’avancement du bâtiment. « Sécurité, confort de travail des compagnons, pour Benoît Salles, cet échafaudage répond à toutes les obligations en termes de sécurité. »

  • La protection collective à l’avancement du chantier sécurise le travail du gros œuvre. « L’échafaudage nous sert de protection collective, celui-ci est en avance sur la construction. Cela permet de sécuriser nos travailleurs pendant toutes les phases de travaux, notamment pour l’élévation des façades en briques », précise Thierry Ausseil.
  • La mutualisation des moyens sécurise les entreprises de second œuvre qui interviennent sur la façade des bâtiments. Le gros œuvre sera terminé avant l’été. L’échafaudage sera ensuite utilisé par le façadier, le serrurier pour la pose des gardes-corps, le plombier pour la descente en façade d’eaux pluviales, l’étancheur, etc.
  • Des passerelles sécurisées entre les bâtiments évitent aux corps d’état d’avoir à redescendre le bâtiment par l’escalier et remonter par l’autre cage d’escalier. « L’échafaudage permet également de mieux circuler entre les bâtiments sans avoir à redescendre puis à remonter par les cages d’escaliers », note Paulo Queiroz, Actibat.
  • Le contrôle des travaux. Le MOE ou le CSPS a une visibilité immédiate sur la protection. « Là où une perche peut être mal fixée, cet échafaudage est sûr : on sait que ça fonctionne. »
  • La tranquillité d’esprit. Pour Actibat, « c’est une protection collective à demeure. Le danger est maîtrisé. Ordinairement, les entreprises de second œuvre doivent démonter certaines protections collectives pour travailler ou s’approvisionner, et elles les remettent rarement en place. Sur ce chantier, ce n’est pas le cas, car l’échafaudage ne les gêne pas pour travailler. »
  • Un gain de temps en termes de productivité : « l’échafaudage est toujours à 1 mètre au-dessus de ce qu’on construit. On n’a pas à le réinstaller. »
  • La mutualisation des moyens permet de minimiser les coûts.

Les recettes à matériaux : approvisionner le second œuvre en toute sécurité

n15 bp photo2 miniUne recette à matériaux est installée tous les deux étages. Les corps d’état secondaires peuvent s’approvisionner assez simplement au moyen des trois grues à tour qui quadrillent le chantier. Fenêtres, carrelage, peinture, placoplâtre,… Les charges lourdes sont montées directement aux étages. Le stockage au sol est réduit.

Actibat met à disposition du second œuvre sa grue, le grutier et le crochet. Les grutiers agissent sur ordre des chefs de chantier. Les entreprises utilisatrices sont responsables de la manœuvre et de l’élingage dans le cadre d’une convention inter entreprises.

Les points d’attention

  • La convention d’utilisation de mise à disposition d’échafaudage : tous les corps d’état ont obligation de la signer avant utilisation : serrurier, plombier, électricien, façadier, carreleur, plaquiste, étancheur. L’entreprise utilisatrice ne doit apporter aucune modification à l’échafaudage, hormis pour l’accès aux passerelles.
  • Le cahier des charges de l’échafaudeur. L’échafaudeur monte, réceptionne et démonte son échafaudage. Il intervient sur demande du conducteur de travaux ou d’un chef de chantier. « La rédaction d’un cahier des charges est absolument nécessaire pour cadrer l’échafaudeur », souligne Robert Cavalieri. En particulier pour : la réception de l’échafaudage à l’avancement ; la bonne distance de l’échafaudage par rapport à la façade ; la disposition des recettes à matériaux (« ne pas les superposer, mais les décaler ») ; le réglage de l’alignement de la recette à matériaux au plancher (calepinage). « Chaque demande d’intervention est tracée par mail. L’échafaudeur dispose d’un délai maximum de 48 heures pour intervenir. »
  • Sensibilisation avant utilisation de l’échafaudage. L’échafaudeur doit sensibiliser chaque entreprise utilisatrice sur : les parties à ne pas démonter, les charges à répartir sur les recettes à matériaux, la répartition des palettes, l’alerte en cas de problème,… « On n’est jamais à l’abri d’un garde-corps démonté ».

Le gros œuvre : un rôle clé

n15 bp photo3 miniPour les constructions en briques, toutes les parties prenantes reconnaissent qu’il est impossible de réserver un lot séparé « Échafaudage » dans le Dossier de Consultation des Entreprises (DCE).

« La coordination au jour le jour ne peut être réalisée que par l’entreprise de gros œuvre, affirme Thierry Ausseil. Elle intervient la première pour la protection de ses salariés. Elle est présente en permanence sur le chantier, sait quand elle va démarrer ses planchers et ses élévations. Comme elle gère aussi l’avancement des travaux, elle peut donc anticiper toutes les interventions de l’échafaudeur. »

Actibat gère l’avancement, le montage et le démontage de l’échafaudage. Il veille à la signature de la convention d’utilisation de mise à disposition d’échafaudage, aux sessions de sensibilisation, surveille l’utilisation et gère le planning d’intervention de l’échafaudeur. « C’est sans doute ce qu’il y a de plus compliqué à anticiper », avoue Rémy Thomas, conducteur de travaux chez Actibat. « Nous fixons la date de démontage de l’échafaudage. Les corps d’état secondaires doivent se soumettre au timing : le façadier démarre, puis le serrurier pose dans la foulée, etc. Cela exige un gros travail d’optimisation et de coordination avec tous les corps d’état. »

« Les réunions de coordination du CISSCT permettent notamment de planifier les interventions de l’échafaudeur », note Robert Cavalieri.

Des coûts intégrés

D’après le MOA, le budget global du programme n’a pas été impacté par l’échafaudage. « Les objectifs de coûts de construction ont été maintenus », affirme Benoît Salles.

Pour autant, il est assez difficile de déduire le coût de cet échafaudage des devis des entreprises utilisatrices. « Seul le lot Ravalement identifie le poste d’approvisionnement ; sa facturation peut être déduite assez facilement. » Pour tous les autres corps d’état, la mise à disposition de l’échafaudage n’est pas identifiée dans les factures.

« La mise à disposition de l’échafaudage, des recettes à matériaux et des grues doit faire l’objet d’une négociation avec chaque corps d’état dans le cadre du marché. »

PAROLE DU PROFESSIONNEL : « Dans la mesure du possible, nous allons essayer de généraliser ce système d’échafaudage sur les bâtiments en briques à partir de R+3. Pour les architectures qui ont des formes géométriques, des étages décalés, des balcons ou de la mitoyenneté, des solutions mixtes échafaudage / gardes-corps seront privilégiées. » Benoît Salles, directeur technique adjoint, Nexity.

En savoir plus :

Risques liés aux chutes de hauteur : échafaudages et plateformes individuelles. INRS.

Prévention des risques liés au montage, à l'utilisation et démontage des échafaudages de pied. Recommandation R 408, CNAMTS, 2005.

Échafaudages MDS de façade : guide de conception et de choix. ED 6074, INRS, 2010.