Situé dans la baie de Cannes, Arie de Boom Services a une démarche d’amélioration continue en matière de santé et de sécurité au travail. Pour ce chantier nautique dont le cœur d’activité est la moyenne et grande plaisance, la prise en compte du risque de chute de hauteur est une priorité. Ça tombe bien ! Pour la Carsat Sud-Est aussi.
Blotti dans un havre de paix entre Mandelieu-la-Napoule et Théoule-Sur-Mer, le Port de La Rague a une activité intense. Outre sa marina (500 bateaux à flot) et la vente de bateaux (20% de l’activité), le chantier naval offre des services de maintenance et de réparation à environ 2 500 bateaux par an, en majorité des yachts de 5 à 30 mètres.
La haute saison s’étale de mars à juillet, en septembre arrive le salon nautique de Cannes, puis viennent les travaux d’hivernage. 35 salariés interviennent dans tous les corps de métier : mécanique, électricité, électronique, hydraulique, polyester, peinture, accastillage. Les gros travaux de menuiserie et polyester sont sous-traités.
Parfaitement structuré, le chantier se compose d’une aire de carénage de plus de 4 000 m2, d’un port à sec d’une capacité d’accueil de 80 bateaux et de différents ateliers : mécanique, électricité, lavage, une cabine de peinture, un magasin de pièces détachées, des lieux de stockage (batteries, produits chimiques, matage). Le matériel est stocké dans un hangar de 1 500 m2 situé un peu plus haut dans le vallon, vers le massif de l'Esterel.
Parole du professionnel : La politique de l’entreprise a toujours été de réinvestir dans le chantier pour s’améliorer. Cédric Labouyrie, directeur.
Réinvestir pour s’améliorer
« Monsieur Arie de Boom s’est installé sur la Côte d’Azur il y a 40 ans, raconte le directeur Cédric Labouyrie. La politique a toujours été de réinvestir pour s’améliorer, sur la partie technique, mais aussi sur l’hygiène, la sécurité et la formation. Jusqu'à présent, le chantier accueillait des bateaux de 5 à 25 mètres.
Nous allons vers de plus grosses unités, de 25 à 30 mètres. Les goûts de notre clientèle évoluent vers la grande plaisance. En prévision, on a racheté un camion l’an dernier et on a investi dans un nouveau Travelift [grue portique en photo] d’une capacité de 100 tonnes. La sécurité est notre premier critère. »
L’évolution des mentalités
Derek Abbenhuis est le référent Qualité et Sécurité du chantier. « Depuis dix ans, les salariés ont de plus en plus conscience du besoin de sécurité. Le port des EPI (équipements de protection individuelle) est entré dans les mœurs. La paire de lunettes pour meuler, les gants ou les chaussures de sécurité…
Les salariés sont très demandeurs. Ils ont suivi des formations sur la sécurité incendie, le secourisme, la manutention, les CACES® suivant la recommandation R389 catégories 2, 3, 4, 5 pour les engins de manutention sur l’aire de carénage (liens en fin d’article). »
La mise en place du Document Unique en 2012 [DUER : document unique d'évaluation des risques] a été un bon support. La signalétique est respectée. Tous les produits cancérogènes ont été supprimés. Etc. À l’automne, Derek participera à une journée de sensibilisation au risque chimique dans le nautisme, dispensée par le LIRC, laboratoire inter-régional de chimie de la Carsat Sud-Est. Le processus d’amélioration continue !
Fiche d’identité entreprise
Arie de Boom Services, Port de la Rague (06213) Mandelieu-La-Napoule
Secteur Nautisme, 35 salariés, chiffre d'affaires 2013 : 5 millions €
Aire de carénage 4 500 m2, port à sec 1 500 m2, hangar de stockage 1 500 m2
Equipement (formations comprises) : 3 roulev, 2 chariots élévateurs, 1 nacelle mutidirectionelle, 3 camions, 4 remorques hydrauliques, 6 passerelles d’accès sécurisées
S’adapter aux contraintes du nautisme
Laurent Cammal, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est, suit l’entreprise. « Le secteur du nautisme a des tailles et des modes de fonctionnement très disparates. La coactivité est fréquente, les tâches se chevauchent, ce qui rend la maîtrise de la sécurité plus complexe. Dans le cadre du plan d’action régional prioritaire de la Carsat Sud-Est sur le nautisme, les préventeurs accompagnent les entreprises du secteur, capitalisent les bonnes pratiques de prévention qu’ils ont repérées, puis les essaiment auprès de la profession. »
Cédric Labouyrie estime que « la Carsat a une démarche constructive par rapport au métier. C’est un guide qui nous apporte des solutions techniques et toute son expertise pour leur mise en œuvre. Notre secteur d’activité a des contraintes spécifiques. Un bateau n’a pas la forme parallélépipédique d’un immeuble. Les règles du bâtiment ne sont pas toutes transposables au nautisme. »
Chutes de hauteur : un travail en profondeur
Il y a deux ans, un peintre a chuté d’un bateau. Il a été reconnu comme travailleur handicapé. Cédric Labouyrie expose les faits. « C’était l’hiver, le pont était gelé. Un accès sécurisé était prévu par l’intérieur du bateau, mais l’un de nos salariés est passé par le côté du bateau. Il portait des chaussons pour ne pas abîmer le pont. Il a glissé et fait une chute de 4 mètres. » Et pourtant... « Six mois plus tôt, nous avions été audités dans le cadre du Document Unique. Nous n’avons pas été identifiés comme un chantier à risque. Nous étions déjà dans un processus d’amélioration continue. »
Laurent Cammal confirme. « Chez Arie de Boom, la dynamique d’amélioration est permanente en matière d’hygiène et de sécurité. Cette entreprise a récemment fait de gros efforts pour réduire les risques de chute de hauteur. Elle a fait l’acquisition récente d’une nacelle multidirectionnelle, l’usage d’échafaudages de pied se généralise et les accès sur les bateaux sont effectués depuis des passerelles sécurisées. »
Zoom sur 3 mesures de prévention
1. La nacelle élévatrice multidirectionnelle
- Dispositif. La base pivote sur 360°, les roues sont multidirectionnelles, les bras articulés indépendants peuvent s’élever jusqu'à 16 mètres.
- Avantages. Le poste de travail est sécurisé. Très maniable, cette nacelle permet d’intervenir avec beaucoup de précision sur le côté ou le dessus des bateaux pour toutes opérations de polissage ou de peinture, mais aussi sur les parties hautes, là où un échafaudage ne le permet pas : au niveau du radar, en haut des mâts pour changer un anémomètre, un feu de navigation ou une girouette. Le gain de temps est précieux pour le grutage d’un mât.
- Formation. Le chef de chantier et le responsable de l’aire de carénage ont reçu une formation préalable pour avoir le droit de l’utiliser. À l’automne, ils la valideront par un CACES® (Recommandation R 386, lien en fin d’article). Un représentant de chaque corps de métier devra également l’obtenir : électricien, mécanicien, peintre… « Son utilisation est transversale. »
- Financement. Sur signalement du SAMETH (Service d'appui au maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés), l’entreprise a pu bénéficier d’une subvention très substantielle de l’AGEFIPH.
CONSEIL + du professionnel : « L’organisation du travail a changé. Auparavant, quand on louait la nacelle, on essayait de regrouper les interventions. Maintenant que nous en sommes propriétaire, elle est toujours à notre disposition. On s’en sert aussi pour l’entretien et le graissage de nos grues portiques.» Derek Abbenhuis, référent Qualité et Sécurité.
2. Les passerelles d’accès sécurisées sur mesure
- Dispositif. Le chantier dispose de 6 escaliers roulants de toutes les tailles, avec plate-forme en haut de l’escalier, une main courante et des roues freinées. Elles s’attachent au bateau par une chaînette. « Dans le commerce, ces escaliers sont sous-dimensionnés en termes de hauteur. L’environnement marin les oxyde rapidement, explique Derek. Pour nous, c’est plus adapté de les fabriquer en interne. C’est du solide ! Régulièrement, nous les renouvelons pour les adapter aux différentes hauteurs de bateaux. »
- Avantages. Un bateau reste 4 à 5 jours en moyenne sur l’aire de carénage. Une fois que la passerelle est mise en place, elle ne bouge plus. L’accès au bateau est sécurisé. Les échelles sont bannies. « Pour un mécanicien, c’est beaucoup plus facile et très sécurisant de monter tout son outillage par cet escalier. Nous les mettons également à la disposition des sous-traitants. »
CONSEIL + du préventeur : Les passerelles d’accès ne sont pas généralisées dans le nautisme. Nous incitons fortement les entreprises à les adopter.
3. Les échafaudages de pied
- Dispositif. Pour effectuer le montage d’une structure tubulaire d’échafaudage de pied, l’entreprise fait appel à un locatier de la région. « La mise en place a un coût. Elle s’effectue pour des travaux importants de plusieurs semaines sur l’aire de carénage. »
- Avantages. L’échafaudage épouse au maximum la forme du bateau. On peut cheminer en sécurité sur toute la longueur, éventuellement la coconner pour des travaux de peinture. « Un bateau de plus de 50 pieds ne rentre pas dans notre cabine de peinture. Dans ce cas, on fait appel à un sous-traitant pour l’échafauder. »
- Formation. 4 salariés ont reçu une formation initiale (Recommandation R 408, lien en fin d’article).
CONSEIL + du préventeur : Aujourd’hui, ne pas avoir la compétence en interne pour maîtriser l’exploitation des échafaudages de pied, c’est faire prendre un risque aux salariés. Il est fortement recommandé de former son personnel au montage, à l’utilisation et au démontage.
En savoir plus :
- Recommandation R 408 : Formation au montage, utilisation et démontage des échafaudages de pied, Cnamts.
- Recommandation R 386 : Utilisation de plates-formes élévatrices mobiles de personnes (PEMP), INRS, 2000.
- Recommandation R 389 : Utilisation des chariots automoteurs de manutention à conducteur porté, INRS, 2002.
- Certificat d'Aptitude à la Conduite en Sécurité (CACES).