Un pressing 5àSec, boulevard Baille, Marseille. Respirez à fond. Que sentez-vous ? Rien, hormis une agréable odeur de frais. Où est donc passée la typique odeur du perchloroéthylène ?
Valérie Dubos, directrice régionale Paca-Sud du réseau 5àSec, et Thomas Weber, technicien Paca de la chaîne, nous éclairent sur la disparition de ce produit dans cet établissement.
“Ici, nous sommes passés à l’aqua-nettoyage. Depuis un an, nous n’utilisons plus de perchlo, explique Valérie Dubos. L’aqua-nettoyage, c’est un procédé qui fait uniquement appel à des produits lessiviels classiques. Il permet de nettoyer la totalité des textiles. Tout peut passer à l’aqua-nettoyage. Cravates en soie et costumes chics aussi ? “Cela marche très bien ! Ils ressortent parfaitement propres et intacts.”
Mais forcément froissés ? “Guère plus froissés qu’après un passage en machine avec du solvant”, souligne Valérie Dubos. La repasseuse confirme. “Avec le perchlo, il fallait quand même repasser ; pour moi, cela ne change rien si ce n’est une odeur plus agréable lors du repassage.”
Une règlementation qui rattrape tous les pressings
Le perchloroéthylène est un produit classé cancérigène probable. L’Assurance Maladie Risques Professionnels a donc lancé un programme d’actions sur quatre ans pour soustraire les salariés de la profession à ce toxique. La réglementation interdit déjà l’installation de nouvelles machines qui l’utilisent. Et d’ici 2022, il ne sera plus possible de faire fonctionner ces machines en milieu urbain.
Question propreté et hygiène, c’est sans comparaison
Thomas Weber précise : “Le groupe 5àsec a mis au point une technologie alternative pour pallier l’arrêt du perchlo en 2022. Lors du changement de la machine de ce magasin, notre choix s’est porté naturellement sur le 5Aqua.” Pour Valérie Dubos, avec un an de recul, le bilan est bon. “L’activité est soutenue et la productivité n’a pas fléchi. Nous traitons aujourd’hui 240 pièces par jour, facilement. Nous livrons toujours dans la journée : rien n’a changé. En termes d’efficacité, le procédé est satisfaisant, même si nous passons un peu plus de temps à l’élimination préalable des taches de graisse, lorsqu’il y en a. Et question propreté et hygiène, c’est sans comparaison ! "
Une propreté qui se sent
" Le linge est nettoyé en profondeur et débarrassé des odeurs corporelles et des fumées de tabac. Ce n’était pas le cas avec le nettoyage au perchlo. On sent la différence lors du repassage, au toucher comme à l’odeur. ”
Une facture d’eau réduite de 10%
Thomas Weber nous renseigne sur les consommations en eau et en énergie du procédé aqua-nettoyage, que ses détracteurs jugent gourmand. “Les durées moyennes des cycles sont équivalentes : autour de 55 minutes, en perchlo comme en nettoyage à l’eau. Et le lavage se fait presque à froid. En un an, pour un même nombre de pièces traitées, nous ne relevons aucune augmentation de notre consommation énergétique. Et nous avons réduit notre facture d’eau de 10%. En outre, l’entretien est nettement plus simple.”
S’exonérer de la charge réglementaire
Valérie Dubos revient sur l’aspect réglementaire pour conclure : “Nous nous libérons aussi de contraintes sévères. L’encadrement de l’utilisation des solvants va peser de plus en plus lourd sur notre profession, qu’il s’agisse du perchlo ou d’autres solvants de substitution. En passant au nettoyage à l’eau, nous sortons du périmètre sensible, et c’est un véritable soulagement.”
Changer de procédé n’est plus une question de “si”, insiste Bénédicte Tonnellier, ingénieur-conseil à la Carsat Sud-Est, mais de “quand” ! L’utilisation du perchloroéthylène sera bientôt impossible en zone habitée. À moins de s’installer en rase campagne, les pressings devront changer de procédé. À ce jour, deux types de réponse possibles : aqua-nettoyage ou solvants de substitution. Mais dans ce dernier cas, les pressings devront conduire une évaluation de leurs risques d’incendie car, contrairement au perchlo, ces solvants sont des combustibles. Quant à leur toxicité, les connaissances sont encore parcellaires. C’est pourquoi la Carsat Sud-Est propose une aide financière pour inciter le passage à l’aqua-nettoyage. Jusqu’à 12 500 € . L’offre est limitée dans le temps. Renseignez-vous vite.
L’aquabonus est fait pour vous, profitez-en !
C’est une subvention pour le remplacement d’équipements au perchloroéthylène par des matériels de nettoyage à l’eau sans substances CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques). Vous avez un ou des pressings, et moins de 50 salariés.
Vos codes-risques sont 71.4 AC ou 93.0 BA : vous pouvez obtenir une subvention s’élevant à 40% de l’investissement hors taxes, plafonnée à 12 500 € par combiné remplacé. Pour en profiter, la réservation doit être faite avant le 30 juin 2014 pour un investissement avant le 10 décembre 2014 (
Pour tout
Calendrier d'interdiction du perchloroéthylène
Dates & réglementation
- 1er mars 2013 : interdiction d'installer toute nouvelle machine de nettoyage à sec fonctionnant au perchlo
- 1er septembre 2014 : interdiction d'utiliser une machine de nettoyage à sec au perchlo de plus de 15 ans
- 1er janvier 2022 : aucune machine située dans un pressing contigu à des locaux occupés par des tiers ne pourra plus fonctionner au perchloroéthylène