Initiée en 2013, la démarche TMS Pros a renforcé la dynamique de prévention chez Socopa Viandes. Le site d'Isle-sur-la-Sorgue (84) a investi dans du matériel innovant et mène au quotidien d'autres actions de prévention.

12 000 tonnes de viande sortent chaque année du site d'Isle-sur-la-Sorgue transformées et commercialisées en produits finis pour les grandes et moyennes surfaces et la restauration hors domicile. Entre 200 et 260 salariés travaillent sur le site, à une température qui fluctue entre 0 et 2°C.

n44 reportage photo 1Sur la photo, Jean-Marc Baldi, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est, est aux côtés de Stéphanie Reumaux, responsable RH, qui participe à l’animation de la démarche sécurité du site. « Nous sommes engagés dans une démarche d'amélioration des conditions de travail. La démarche TMS Pros sur les lignes d'étiquetage a été menée jusqu'à son terme, et nous menons d'autres actions, notamment sur le poste de poussoir en saucisserie et à travers le déploiement de l’éveil musculaire sur l’ensemble de nos ateliers. »

Atelier saucisserie : des poussoirs  automatiques

n44 reportage photo 2AVANT. L'ancienne installation (en photo) : un poussoir manuel à 3 têtes rotatives.

  • Pour obtenir une régularité de la saucisse, l'opératrice doit maintenir avec le pouce une pression constante sur le boyau naturel. Cet effet « pince » peut engendrer un syndrome du canal carpien.
  • À cela s'ajoutent des postures contraignantes au niveau de l'épaule et du coude, à la fois pour engager les boyaux sur la canule et pour déposer les saucisses vers le conditionnement.
  • Les saucisses sont ensuite placées dans des bacs de 10 kg, la pile de bacs est déplacée vers la ligne de conditionnement, ce qui occasionne des actions répétées de port de charge.

n44 reportage photo 3APRES. Le poussoir automatique.

  • Cette nouvelle génération de poussoirs diminue les postures contraignantes.
  • L'opérateur n'a plus besoin de serrer le boyau sur la canule. L'effet pince est supprimé. Elle engage le boyau et suit des yeux le processus.
  • La régularité des produits fabriqués est bien meilleure.
  • Un tapis relie directement le poussoir à la ligne de conditionnement. Le port de charges est donc supprimé.

n44 reportage photo 4Le site a investi dans 2 machines. La démarche est nationale. Ces poussoirs automatiques ont été installés sur de nombreux sites du Groupe BIGARD (14 000 salariés dans toute la France).

Les barquettes sont conditionnées, mises en bacs, et vont ensuite suivre des flux ordonnancés qui arrivent sur les lignes d'étiquetage.

Lignes d'étiquetage : le plan d'actions TMS Pros

n44 reportage photo 5En début de ligne, le conducteur reçoit les bacs et place chaque barquette sur le tapis. L'ordinateur envoie une étiquette à coller, puis la barquette est acheminée sur le tapis pour mise en carton par l'opérateur en bout de ligne, avant d'aller vers le convoyeur au niveau du quai d'expédition.

Depuis 2013, l'aménagement de ce poste de travail n'a cessé d'évoluer, en termes d'organisation ou d'améliorations techniques.

« L'analyse des troubles musculo-squelettiques, l'accidentologie, les soins et les groupes de travail ont permis d'identifier des actions clés pour améliorer les conditions de travail sur ce poste », indique Stéphanie Reumaux.

  • Éveil musculaire : exercices réalisés au quotidien par les équipes (voir plus bas).
  • Rotations sur les lignes : toutes les ½ heures, l'opérateur en bout de ligne permute son poste avec le conducteur en début de ligne pour rompre avec la répétitivité des gestes.
  • Au niveau du conducteur, des tables à billes ont été mises en place pour faciliter le déplacement des bacs.
  • Des cale-pieds ont été ajoutés pour soulager les jambes.
  • De nouvelles étiqueteuses améliorent la manutention.
  • En bout de ligne, des guides (baguettes blanches) permettent d'éviter les risques de coupure avec le tapis roulant.
  • Des postes assis/debout permettent de se reposer.
  • La hauteur des lignes a également été revue.

L'éveil musculaire

« Un éveil musculaire quotidien existait déjà depuis 7 ans. Nous avons voulu créer une nouvelle dynamique » :

  • en sensibilisant tous les salariés,
  • et en formant 25 nouveaux coachs musculaires qui doivent ensuite communiquer auprès de leurs collègues des bénéfices de cet exercice dans leur quotidien. Des gestes adaptés sont ensuite réalisés en fonction du public et du poste de travail.

Cet éveil musculaire, de 5 à 10 minutes, est comptabilisé dans le temps de travail, au moment de la prise de poste. Il renforce l'échange et la cohésion des équipes. Tous les salariés en production sont concernés, y compris d'autres services selon l'activité du jour.

Une revue d'actions de sécurité

Progressivement, des actions de communication ont été mises en place auprès du personnel :

  • l'affichage,
  • des réunions hebdomadaires (de 10 à 20 minutes),
  • des thématiques Sécurité mensuelles, par exemple les bons gestes à adopter lors de déplacement de charges, les risques de coupures, le rangement et la propreté, les bonnes pratiques liées à l’utilisation d’engins de manutention, etc.
  • L'analyse des accidents du travail. Chaque accident est analysé et suivi d'un plan d'actions.

« Les ateliers participatifs renforcent la cohésion des équipes », souligne  Stéphanie Reumaux. De même, « la démarche globale sur les risques psychosociaux menée en 2016 a été positive. Quand on s'exprime sur ses conditions de travail, et que des actions amélioratives sont menées, cela a un impact positif sur le bien-être au travail. »

Les résultats

Jean-Marc Baldi, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est, souligne l'ensemble de cette démarche. « Les conditions de travail se sont améliorées. Les investissements sur les poussoirs sont importants. »

Les résultats sont là. « Entre 2015 et 2017, le taux de fréquence des accidents du travail a baissé quasi de moitié chaque année. »

Aujourd'hui, les actions continuent.

Prochaine étape :

  • L'ajustement des convoyeurs : « au lieu de tourner le carton pour le mettre dans le convoyeur, l'objectif serait  juste de le pousser. »
  • L'approvisionnement de la ligne en cartons : il va être adapté pour faciliter les gestes de manutention.

Socopa Viandes, site Isle-sur-la-Sorgue (84)

Secteur transformation de viande, date création de l'unité : 1992

entre 200 et 260 salariés, surface de production 5000 m2

filiale du Groupe Bigard depuis 2009

chiffre d'affaires 2017 : 82 Millions €

Production : 12 000 tonnes, dont 5 500 t. viandes hachées, 2 300 t. saucisserie, 2 300 t. piécé, 1 800 t. gamme complémentaire.

En savoir plus

Le site TMS Pros.

Les TMS dans l'agroalimentaire. Dossier INRS, 2013.

Usines agroalimentaires - Brochure INRS ED 106, 2011.

Les couteaux dans l'agroalimentaire - Brochure INRS ED 6274, 2017.

Sécurisation des scies à ruban dans l'agroalimentaire – brochure ED 6227INRS, 2016.