L’hypermarché Auchan à Martigues a reçu l’appui technique de la Carsat Sud-Est pour mettre en sécurité ses quais de réception. Entretien avec Edouard Borrewater, responsable sécurité et technique du magasin.

Quelles sont vos contraintes d’exploitation à Auchan Martigues ?

_ Edouard Borrewater : Les horaires de réception obligent le magasin à disposer de quatre quais pour : les produits de grande consommation (sec),  les produits frais, les produits secs non alimentaires et la réception Drive.

Nous réceptionnons plusieurs types de véhicules : semi-remorques complets, petits porteurs, et en plus pour le Non Alimentaire (NA) 5 à 10 messageries par jour. Chaque quai a un système de pente et contre-pente, sauf le quai NA où le dénivelé de 11% devant le quai ne nous permettait pas de faire une pente et contre-pente.

Qu’est-ce qui vous a poussé à rénover ces quatre quais ?

_ E.B. : Ces équipements étaient vieillissants. Nous devions les mettre aux normes pour sécuriser aux mieux l’environnement des opérateurs lors du déchargement et répondre à cette problématique de pente de 11% sur le quai NA. Nous avons eu beaucoup d’échanges avec l’Inspection du travail et la Carsat Sud-Est qui nous a aidé à étudier les meilleures solutions de rénovation. Leurs experts nous ont conseillé de rénover intégralement le quai NA.

Table ronde organisée par la Carsat Sud-Est le 16 juin 2016 à Vitrolles sur le thème de la sécurisation des quais.

n20 itw photo1Edouard Borrewater (2ème à g.) aux côtés de l’équipe de la Carsat Sud-Est : Didier Dozas (à g.), ingénieur conseil, pilote du plan d’action régional TRM, Jean-Michel Scotto d’Aniello (au centre), contrôleur de sécurité et référent technique quais, Jean Caporali (à d.), contrôleur de sécurité en charge du suivi d’Auchan Martigues.

À lire : Sécurisation des quais : une palette de solutions adaptées.

Quelles solutions avez-vous mises en œuvre ?

_ E.B. : Nous avons commencé par rénover les trois autres quais, c’était plus simple. Chacun comprend un espace de réception, un quai niveleur à lèvre télescopique et une porte sectionnelle avec oculus asservie à la présence à quai du camion pour prévenir tout risque de chute de hauteur. Sur ces quais, le déchargement est effectué par les transporteurs, ce qui évite tout départ intempestif. Tous les quais sont équipés d’un espace de sauvegarde de 50 cm incluant les butées de quai.

Et sur le quai NA, comment avez-vous répondu à votre problématique de pente de 11% ?

_ E.B. : Le « Stop Trucks » a été la solution trouvée. Ce bloque-roues automatique permet de stopper le camion intégralement. Les guide-roues sont scellés dans le sol. Des arrêts d’urgence (chasse-pieds) réagisssent à un obstacle d’un poids minimum de 15 kg. Un « Dock House » a permis de corriger l’angle de mise à quai pour les chauffeurs.

Cette structure métallique, posée devant l’ancien quai, comporte un niveleur « Body Guard » qui a une double fonction anti-chute et anti-écrasement. L’obstacle sur le niveleur ne se déploie complètement que si le camion est à quai et bloqué. L’utilisation est facilitée depuis un pupitre qui centralise les commandes blocage et niveleur. Des garde-corps latéraux évitent les chutes. Enfin, un projecteur à led éclaire l’intérieur du camion.

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Quels bénéfices apporte ce système de blocage semi-automatique avec asservissement ?

_ E.B. : La sécurité ! Avant, le quai NA n’avait aucune protection. Cette solution est simple à utiliser et complètement automatique. On appuie sur un bouton, le système détecte le pneu et le bras mécanique vient bloquer le camion. Même si les freins lâchent, le camion reste en place !

La manipulation manuelle de la cale est supprimée, ainsi que l’aller-retour du chauffeur pour la remise des clés contre un jeton. Chaque transporteur signe un protocole de sécurité expliquant le fonctionnement du quai et les manœuvres à effectuer. Il est possible de relever la porte sectionnelle à une hauteur maximale de 60 cm.

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Ce nouveau dispositif a-t-il fait l’objet d’un accompagnement particulier ?

_ E.B. : Oui. Nous avons dispensé deux formations sur deux matinées auprès des collaborateurs de la logistique, du responsable et moi-même. Cette démonstration était nécessaire pour bien comprendre l’ordre d’asservissement. S’il n’est pas respecté, le système se bloque !

L’opérateur est obligé d’installer le quai avant d’ouvrir la porte. Si la porte sectionnelle est ouverte, vous ne pourrez pas bloquer le camion ni déployer la lèvre. Cette procédure est écrite, traduite en plusieurs langues et placée juste à côté du pupitre de commande. Si vous respectez l’ordre, vous ne perdez pas de temps et vous êtes en sécurité.

Quel est l’impact sur la productivité ?

_ E.B. : Le gros avantage, c’est que l’opérateur peut diriger l’intégralité du système (blocage et niveleur) depuis un seul pupitre de commande. La mise en place du Stop Trucks dure une trentaine de secondes. Mais une fois que le blocage est en place, sa sécurité est garantie. Il ne perd plus de temps.

Quand le déchargement est fini, il ferme la porte sectionnelle et enlève le quai en une impulsion, avant d’aller signer les papiers du chauffeur. Pour partir, il appuie une seule fois pour ôter le Stop Trucks. Feu vert : le camion est libéré de suite. Ce système est bien pensé, on n’a pas de perte de production à ce jour. C’est un gain en terme de sécurité, et c’est ça le plus important.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

_ E.B. : Au démarrage, il y a toujours une phase de qualification. Les réglages sont mineurs. À ce jour, le Stop Trucks répond favorablement à nos contraintes. On a déjà eu une tentative de départ intempestif sur ce quai. Elle a tout de suite été empêchée, parce que ce système le permet. Le camion n’a pas bougé. C’est très efficace. En particulier le système d’asservissement a bien travaillé.

Quel est le coût global d’investissement ?

_ E.B. : Le système de blocage de roues est évalué à environ 12 000 euros (livré et monté). Pour la rénovation complète du quai, qui inclut le Dock House, le Body Guard, la réfection complète du sol intérieur et la rénovation thermique, nous avons investi 140 000 euros. Cette somme peut paraître importante au départ, mais en terme de sécurité, l’amortissement est quasiment immédiat ! Notre intérêt était de rénover intégralement et au mieux pour partir sur du long terme.

Auchan a 126 hypermarchés en France et 600 magasins dans le monde. Allez-vous déployer cette solution à d’autres sites au sein du Groupe ?

_ E.B. : Le magasin Auchan Martigues est le premier site à s’équiper d’un système de blocage automatique avec asservissement. Le Stop Trucks répond à une problématique particulière de pente de 11%. Il fallait empêcher tout risque de départ intempestif. Ce projet a été porté au niveau régional.

Le chargé d’affaire régional a suivi le chantier, en lien avec le niveau national qui suit de près les conditions de travail et la qualité de vie au travail. Nous n’en sommes qu’au début du projet. Ce système a été réceptionné il y a seulement deux mois. Après une période d’adaptation de 6 mois, nous aurons un bon retour d’expérience. Plus tard, il n'est pas exclu que ce système soit déployé sur d'autres sites logistiques ou des magasins, en fonction des besoins et des possibilités.

Hypermarché Auchan Martigues (13500)

Ouverture en 1978, 500 employés (magasin et drive)

4 quais de réception (sec et froid), surface Hypermarché sans galerie 21 123 m2

102 960 palettes livrées par an

Activité journalière du quai NA : 2 à 3 semis 6h-8h, 4 à 6 petits porteurs 8h-12h, 5 à 10 messageries 9h-12h30

En savoir plus :

Documents d’évaluation des risques professionnels, Carsat Sud-Est, 2016 :

  • Quai de transbordement fermé avec niveleur télescopique.
  • Quai de transbordement ouvert avec niveleur télescopique.
  • Quai de transbordement fermé avec pont de liaison.
  • Quai de transbordement ouvert avec pont de liaison.

Protocoles de sécurité, Carsat Centre-Ouest 2012 :