Marseille – La rénovation du Stade Vélodrome entre dans sa dernière ligne droite. Après quatre ans de travaux, le stade sera livré cet été. Un chantier exemplaire qui fourmille de bonnes idées de prévention, à copier sans modération. En route pour la visite, avec Fabrice Leoni, directeur de la Prévention Santé Sécurité de Bouygues Entreprises France-Europe.
Dès les premiers pas sur le chantier, on est frappé par l’ampleur des moyens de levage. Grues bien sûr, mais aussi chariot élévateur et nacelles de tous types.
« Les risques de chutes de hauteur ne sont plus acceptables, souligne Fabrice Leoni. Tout comme la pénibilité liée à la manutention manuelle. Louer des machines de levage est rentable. Nous travaillons plus vite et mieux. »
12 bonnes idées à copier !
Les nacelles ciseaux
Les nacelles ciseaux remplacent les échafaudages. « En deux secondes et sans effort, elles se déplacent tout au long de la banche, commente Fabrice Leoni. Les compagnons peuvent aussi régler précisément leur hauteur de travail, alors que l’échafaudage n’offre que des hauteurs définies de plateaux. Le personnel travaille mieux et le chantier gagne en productivité.»
Plus d’autonomie et de surface de travail. Et fini les contraintes liées aux échafaudages : manutention, montage, démontage, habilitation, vérification... Seul inconvénient, souligné par Fabrice Leoni : les nacelles actuelles sont conçues pour l’industrie et ne disposent pas encore de protections contre les projections de béton. Mais cela pourrait évoluer rapidement.
Les portiques de déchargement sécurisé : Un chantier, c’est d’abord des camions à décharger. Et comment accéder au camion et circuler sur le plateau, en totale sécurité ? Les chutes sont fréquentes, et même si l'accident ne se solde que par une fracture de la cheville, c’est un avenir professionnel compromis. « Pour éviter ce risque, explique Fabrice Leoni, nous équipons le lieu de déchargement d’une plate-forme et deux potences pourvues de stop-chutes. Muni d’un harnais, le compagnon se déplace librement autour et sur le camion. S’il perd l’équilibre, il est retenu, sans choc ni effet de balancier. »
Grues, nacelles, plates-formes, chariot élévateur, sapines... Le chantier du Vélodrome met à disposition des moyens mécaniques pour faciliter et sécuriser le travail en hauteur. Mais au ras du sol, beaucoup de bonnes idées sont aussi à glaner. Paniers roulants, port de rangers, boîte à sangles et marquage de dénivelé en font partie. Tout comme l’usage des photos et de marteaux anti-vibrations :
Rangers aux pieds : « Elles ont réduit de 80% nos accidents liés aux déplacements !, affirme Fabrice Leoni. Seules ces chaussures, qui tiennent la cheville, ont désormais droit de cité sur nos chantiers. » Des témoins d’usure de la semelle permettent même de mesurer son degré d’adhérence. Pour les changer avant de glisser.
Le marquage des dénivelés
Pas de porte, marches, petits dénivelés : un coup de peinture orange et voilà des risques de chutes ou d’entorses éliminés. Simple, économique et efficace.
Des chariots multifonction: Pour éviter les aller-retours inutiles des compagnons sur le chantier, nous leur fournissons des chariots à roues. Ces équipements portent des paniers grillagés et compartimentés, où chaque matériel trouve sa place. Faciles à manipuler, ils accompagnent confortablement l’avancement des travaux.
Le chariot multifonction. Pour charger et transporter facilement le matériel, les pièces et les outils tout au long du chantier. A rouler ou lever à la grue.
Des paniers à cinq faces: « Un bastaing de 50 cm qui tombe lors d’un levage, c’est un obus qui frappe le sol, rappelle Fabrice Leoni. Nos colis sont donc sanglés et monolithiques. Mais la solution la plus sûre, c’est le panier à 5 faces, chargé au poids indiqué. C’est 90% de risque en moins. ».
La boîte à sangles: Pour être sûr de ne pas réutiliser une sangle de levage usagée, le mieux est encore de la jeter... dans une boîte à sangles, d’où on ne peut la ressortir. Une solution « maison », intelligente, efficace et à la portée des plus modestes chantiers.
Des photos, mieux que des mots: Plus de vingt sous-traitants travaillent sur le chantier. Des cultures et des langues multiples. Un seul langage universel : la photo. Les surveillants font des clichés chaque matin. « Une photo ne souffre pas de discussion. Elle montre objectivement l’état du chantier, conforme ou pas, et permet de s’affranchir des difficultés du langage. » confirme Fabrice Leoni. Une solution pratique et appropriée, dans un secteur professionnel où les études montrent que près d’un quart des compagnons ne maîtrisent pas l’écrit.
Des mannequins légers et réutilisables : Fini le cadre en bois, fait sur place au risque de s’entailler ou de s’écraser les doigts. Place au mannequin prêt à l’emploi. Un seul compagnon peut le déplacer et le poser. Et le cadre-aluminium peut être réutilisé plusieurs dizaines de fois sans s’endommager. Des racks de stockage vertical permettent de présenter les divers modèles et tailles de mannequins utilisés sur le chantier, et de les saisir sans effort. Ces accessoires sont disponibles dans le commerce, dans toutes les tailles et à des prix très abordables.
Des cales prêtes à l’emploi: Tailler les cales de bois sur le chantier, c’est exposer ses compagnons à des poussières cancérigènes. Sans compter qu’il faut disposer d’une alimentation électrique, d’un temps sec, de protections auditives, d’un masque, de lunettes, d’une machine et de lames en bon état. « Nous évitons tout cela en commandant des cales et des coins tout prêts. Un sac de cent pièces coûte une dizaine d’euros dans les réseaux professionnels. Pourquoi donc prendre des risques ? » insiste Fabrice Leoni.
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« Rien ne sert de redresser les pointes ! Mieux vaut investir dans de bons équipements. »Christophe Artusse, chef de chantier
Un marteau qui ne prend pas la tête: Fabrice Leoni : « Nos marteaux possèdent un manche fibré non vibratile. Ils coûtent six fois plus cher qu’un modèle bas de gamme mais le compagnon peut frapper 1000 fois par jour sans dommage musculo-squelettique. »
Manutention mécanique du second œuvre: Le chantier du Vélodrome comporte, en plus de la reconstruction du stade, la réalisation d’une résidence hôtelière, d’immeubles d’habitation intergénérationnels, et d’une clinique du sport. Toute la manutention des menuiseries, des cloisons, des revêtements de sol, de la plomberie et de tout le second œuvre y est réalisée mécaniquement, à mesure de l’avancée du chantier.
« Nous mettons à disposition des apparaux et des systèmes de manutention que les sous-traitants utilisent en commun, indique Fabrice Leoni. A l’avenir, tous les chantiers industrialiseront leurs accès, leur stockage et leur logistique. Quelle que soit la taille de l’entreprise ! Les petits opérateurs perdent parfois leur marge pour une manutention mal pensée. Alors que les moyens existent : diables électriques à trois roues, qui transportent les panneaux dans les escaliers, monte-charge de tous types... il est facile de trouver des solutions fiables, pour tous les besoins, y compris pour les petits chantiers. Ces appareils se louent à la journée, à la semaine ou au mois. Ils sont rentables, pourquoi s’en priver ? »
Un conseil ? Un financement pour acquérir du matériel ? La Carsat Sud-Est vous informe et vous aide.
« Nous industrialisons la logistique en veillant à apporter le juste nécessaire au poste de travail, et juste à temps. Pourquoi monter un paquet de cinquante feuilles de contreplaqué quand on n’en utilisera que dix ? demande Fabrice Leoni. La surabondance de matériaux complique inutilement le tracé de cheminements sécurisés. On gagne toujours à la réduire.»
Le conseil du major du BTP : réduire la surabondan« Exemplaire ! Un chantier bien organisé, bien tenu, et doté de multiples moyens mécaniques de manutention. Un exemple à suivre. » Stéphan Lhen, contrôleur de sécurité à la Carsat Sud-Est.
L‘OPPBTP, l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics, l’a montré : les entreprises qui obtiennent les meilleurs résultats en sécurité ont aussi les meilleures performances économiques. « Plutôt que de gérer le handicap ou la pénibilité, arrêtons d’en créer. » Fabrice Leoni, directeur de la Prévention Santé Sécurité de Bouygues Entreprises France-Europe.
L’idée bonus : le talkie-walkie
Soleil en face, obstacle visuel qui masque les gestes de l’opérateur au sol... autant de sources d’accidents lors du levage. La bonne idée à copier : le talkie-walkie, qui relie le grutier au personnel au sol. À la portée de toutes les entreprises du BTP.