Les cavaliers gerbeurs sont des chariots motorisés utilisés pour charger ou décharger les conteneurs maritimes, les déplacer sur les ports et les empiler sur les parcs de stockage. Ce sont des géants d’acier de 5 mètres de large et jusqu’à 15 mètres de haut selon les modèles. La cabine de pilotage se trouve au sommet. Elle est déportée, pour offrir une vision panoramique au conducteur. Pour saisir et soulever le container, le chariot vient se placer au-dessus. Il enjambe la charge, d’où son nom de cavalier. Environ soixante-dix engins de ce type circulent sur les quais de Marseille et de Fos. Une manutention mécanique indispensable pour déplacer des conteneurs qui peuvent peser jusqu’à 32 tonnes.

En décembre 2014, sur le port de Fos, une collision entre deux cavaliers a entraîné le basculement d’un des engins, qui s’est heureusement couché sur une pile de containers vides, évitant ainsi au conducteur une chute de plus de 13 mètres. Bilan : un blessé léger.

En été 2013, un cavalier s’était renversé sur le port de Marseille. Cette fois, le pilote n’avait pas survécu. À la suite de cet accident, une des mesures de prévention mise en œuvre a été un asservissement de la vitesse du cavalier en fonction de la hauteur des conteneurs transportés, mesure mise en application sur les deux bassins de Marseille et Fos. Le risque de basculement étant directement lié au centre de gravité de l’ensemble (charge et cavalier) et à la vitesse de déplacement.

L’accrochage du mois dernier montre que d’autres mesures de prévention techniques doivent être envisagées. L’une d’elles pourrait consister à asservir la vitesse de déplacement du cavalier en fonction de son sens de circulation. Le pilotage s’effectue en effet depuis une cabine qui se trouve, selon le sens de déplacement du chariot, à l’avant ou à l’arrière de l’engin.

Un problème de visibilité peut apparaître lorsque deux cavaliers circulent à proximité l’un de l’autre, l’un en mode cabine avant, et l’autre cabine arrière. Un angle mort peut alors masquer la présence de l’autre véhicule et entraîner une collision. Une des pistes envisagées : réduire la puissance de marche, et donc la vitesse de roulage en fonction du sens de circulation.

Analyse et concertation

Pour l’heure, l’analyse du dernier accident est en cours. La recherche des causes se poursuit, avec le concours du CHSCT de l’entreprise, du GEMFOS (Groupement d’Employeurs Manutention portuaire de Fos Sur Mer), des représentants du CPHS (Comité Paritaire d’Hygiène et de Sécurité), de l’Inspection du Travail et de la CARSAT Sud-Est.

À l’issue de l’analyse, des solutions organisationnelles, techniques et humaines seront proposées. Elles pourront porter sur l’aménagement des engins, sur l’organisation du terminal à conteneurs et ses procédures de circulation, ou sur la formation du personnel. Elles seront soumises à la validation des acteurs concernés pour une meilleure appropriation et mise en œuvre.

Des mesures réalisables

Les mesures techniques évoquées sont tout à fait réalisables. Les constructeurs proposent ces dispositifs d’asservissement de la vitesse de circulation en fonction de la hauteur de conteneur, en option sur les chariots de 13 mètres (2+1), et systématiquement sur les 15 mètres (3+1).

Analyser les accidents du travail pour prévenir leur reproduction

La première étape consiste à recueillir objectivement les faits : témoignages, visionnage de vidéos, photos, schémas... De ce recueil découle une recherche des causes, en privilégiant les plus stables. Ensuite, les parties concernées proposent, étudient et mettent en place des mesures de prévention pour limiter les risques de reproduction d’un événement identique.