Un intérimaire de 26 ans, manœuvre sur un chantier de travaux publics, a trouvé la mort l’an dernier dans la région. Cet accident tragique nous rappelle que la démarche d'accueil et d’accompagnement des nouveaux doit être organisée au mieux en matière de santé et sécurité au travail, et que les fortes chaleurs sur chantier nécessitent la mise en œuvre de mesures de prévention adaptées.

À partir des informations recueillies et de l’enquête réalisée par la Carsat Sud-Est, l’enchaînement des faits serait le suivant :

Eté 2016. Un chantier de voierie dans le Sud de la France. L’entreprise de terrassement doit rénover une voie de desserte à un établissement.

Cette zone de chantier est située à 300 mètres en contrebas de la base vie. Pour la rejoindre, il faut descendre une petite départementale jalonnée d’habitations fleuries.

Il est 15h00. La chaleur s’est accumulée toute la journée sur le bitume. Un manœuvre marche sur cette route pour rejoindre la zone de chantier. Agé de 26 ans, il est en mission d’intérim depuis 2 mois sur ce chantier.

La pelle arrive à sa hauteur. Une pelle hydraulique sur pneus, de 10 tonnes. Son chauffeur, également intérimaire, vient de remplacer le godet de sa pelle par des fourches au niveau de la base vie. Lui aussi redescend vers la zone de chantier.

En cours de route, le manœuvre aurait sauté sur les fourches pour se faire conduire. La fatigue peut-être, liée à la chaleur. Le chauffeur n’aurait pas eu le temps de lui dire de descendre. Quand il freine, c’est déjà trop tard. Le jeune manœuvre est mort. Les fourches de la pelle lui ont fracturé la tête.

L'ANALYSE

Le chauffeur disposait de l’autorisation de conduite et du CACES correspondant (Certificat d'aptitude à la conduite en sécurité).

Les éléments recueillis par les services de la Carsat Sud-Est mettent en évidence 3 causes possibles :

  • L’utilisation des fourches ou godet de la pelle pour se déplacer. La victime s’est assise dessus pour se déplacer vers la partie basse du chantier. Cette pratique aurait déjà eu lieu sur le chantier.
  • L’ambiance thermique. La forte chaleur accentue la pénibilité des déplacements piétons sur les enrobés routiers. La température supérieure à 30°C le jour de l’accident a pu inciter l’intérimaire à utiliser la pelle pour faciliter son déplacement entre la base vie et la zone de chantier.
  • L’absence d’accompagnement de l’intérimaire : malgré le test d’évaluation effectué par l’agence d’intérim (sensibilisation au risque chantier) et le livret d’accueil et d’information remis par l’entreprise utilisatrice, l’encadrement des intérimaires sur le chantier n’était pas assuré par une personne identifiée.

LES PRECONISATIONS

À la suite de cet accident, les mesures de prévention suivantes ont été demandées à l’entreprise :

1 - L’accueil des intérimaires

  • Assurer l’accompagnement de tout salarié intérimaire, tout au long de la mission, par un tuteur ou un référent de l’entreprise utilisatrice. Ce référent doit être compétent dans les tâches qui sont confiées au salarié intérimaire et être facilement joignable, voire se situer à proximité de son poste de travail.

La recommandation R460 (lien en fin d’article) concernant « la fonction d'accueil et d'accompagnement des nouveaux en entreprise du BTP » précise l’organisation à mettre en place dans l’entreprise et le programme minimal de formation des accueillants.

2 - Les contraintes thermiques

  • Évaluer les risques liés à la chaleur pour le personnel sur chantier en période estivale.
  • Définir des mesures techniques et organisationnelles à mettre en œuvre dans les situations à risques identifiées. Ces mesures doivent être inscrites dans le Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels de l’entreprise.

Cet accident doit alerter les entreprises du BTP sur l’organisation à mettre en place pour accueillir les nouveaux, notamment les intérimaires, et sur la gestion de la chaleur en période estivale.

En savoir plus

Recommandation R460 : Fonction d'accueil et d'accompagnement des nouveaux en entreprise. Adoptée par le Comité technique national des industries du bâtiment et des travaux publics (CTN B) le 11 octobre 2011.

La formation à la sécurité des travailleurs temporaires – Droit en pratique. INRS, 2012.

Guide pour l'accueil, la formation et la surveillance médicale du travailleur intérimaire : il regroupe les principales recommandations et obligations relatives à ces trois thèmes ainsi que les rôles respectifs de chaque intervenant : entreprise, agence d'emploi, médecin de l'entreprise et médecin de l'agence d'emploi. Cnamts, 2012.

Brochure Accueil et santé au travail dans l'intérim : éléments informatifs sur l'intérim, recommandations pour les entreprises utilisatrices et les entreprises de travail temporaire. Cnamts, 2009.